Depuis une vingtaine d’année, Kip Winger et ses acolytes nous ravissent avec de magnifiques, mais néanmoins trop rares (4 albums studio depuis 1988), albums de hard rock mélodique hautement racé. Aussi, ces deux dernières années resteront dans la mémoire des fans de Winger comme étant fastes car ceux-ci ont pu se régaler avec un album studio de très bonne tenu, IV en 2006, et un album de démo d’un intérêt non nul sorti cette année. Cerise sur le gâteau, les américains proposent en cette fin d’année, comme un avant goût de noël, leur premier album live, qui se trouve être un double CD, et un DVD reprenant le contenu du disque mais les images en plus. Il n’en fallait pas plus à votre serviteur pour faire durer le plaisir des écoutes de Winger avec ce bel objet qu’est ce Winger Live. Et ce qui est plutôt rassurant c’est que le line-up historique est présent : le génial guitariste Reb Beach ayant sévit récemment dans le projet The Mob et Rod Morgenstein, batteur polyvalent des belles heures de Dixie Dregs ou Jelly Jam viennent accompagner le bassiste-chanteur-gourou Kip Winger. A signaler la présence d’un ancien membre de Winger, John Roth, à la guitare.
Quand on a « que » quatre albums à son répertoire il est d’autant plus facile de contenter les fans en évitant les omissions grossières dans la liste des titres joués live, et de ce côté là on est satisfait d’entendre les classiques de Winger tels « Down Incognito », « Blind Revolution Mad » ou « Cant Get Enough ». Les quatres albums de Winger sont passés en revue avec une prépondérance pour les titres de l’album In The Heart Of The Young sorti en 1990 (six titres joués dans ce live).
L’exécution est impeccable car les musiciens sont affûtés comme jamais. Les mélodies et les harmonies des chœurs sont parfaitement respectées et le chant de Kip Winger est très juste. Celui-ci se charge de la basse et de certains passages au clavier. Rod Morgenstein nous prouve encore une fois son habileté derrière ses toms tout au long du concert ( « Rainbow In the Rose ») et en particulier lors de son solo de batterie (issu du Rudess Morgenstein Project ) pas une seconde ennuyeux (à ce titre, Rod se montre aussi inventif qu’un Neil Peart). Reb Beach est égal à lui-même, à savoir un guitariste fin et technique (« Guitar Solo », « Generica », « Yunk Yard Dog »…) Ces deux moments de démonstration que sont les « Guitar Solo » et « Drums Solo » ne sont pas dénués d’intérêt et les deux compères parviennent à garder l’attention de l’auditeur intacte lors de ces exercices toujours périlleux. Le résultat sur DVD doit en être amélioré, notamment pour le solo de batterie, car cela reste avant tout une démonstration visuelle. Et que dire des parties instrumentales de « You Are The Saint, I Am The Sinner » sinon qu’elles sont exécutées avec une maîtrise écœurante.
On se dit déjà que 2007 (et 2006 aussi avec IV) aura été l’année de Winger et que ce groupe fasse reparler de lui ne peut que nous enchanter. Si certains pourront regretter la trop grande similitude entre les versions lives et studios, cet aspect en fait un excellent moyen de faire connaissance avec la musique de Winger car il a l’avantage d’un best-of et la valeur ajoutée d’un live.
Alors, même si Winger est très populaire aux Etats-Unis, il reste assez méconnu en Europe et le retour des américains ne peut être qu’une bonne nouvelle s’ils ont retrouvé l’envie de jouer ensemble ( on se souvient que Kip Winger avait entamé une carrière solo après le split du groupe en fin de la tournée de Pull au milieu des années 90) et surtout l’inspiration. Ce groupe est d’autant plus atypique qu’il évolue dans un milieu très marqué Glam et est raillé pour cette tendance par certains groupes américains ( Korn par exemple) ou par la fameuse série américaine « Beavis and Butt-head ». Mais Winger se démarque des groupes de Glam traditionnels comme Poison en proposant une musique moderne tendant plus vers le hard rock mélodique, un peu comme a pu le faire un groupe comme Extreme.
La vague grunge et néo-métal a été fatale pour bon nombre de groupe de métal mélodique issu de l’époque glam, Winger en première ligne. L’heure de la vengeance a peut être sonné...