Lucifer Was est une formation norvégienne, composée au départ d’une bande de copains dont l’idée de former un groupe naquit en 1970. Mais c’est seulement en 1997 que le premier album, intitulé «Underground And Beyond», voit le jour . «The Divine Tree» est le quatrième opus en trente sept ans de carrière. Ce constat porte à croire que Lucifer Was est avare de production studio, car il faut reconnaître qu’une sortie tous les dix ans, c’est quand même très peu. Mais le groupe se rattrape allègrement sur les prestations scéniques, surtout dans son pays d’origine.
Aujourd’hui, le membre fondateur Thore Engen, également principal compositeur et guitariste, s’est visiblement entouré de musiciens dignes de confiance. En effet, trois «Engen» occupent des postes clés, en particulier aux guitares et à la batterie. C’est donc dans ces circonstances plutôt familiales que fut composé «The Divine Tree».
Les seventies, comme il se plaît de nommer cette florissante décennie, sont le point d’ancrage de la musique proposée par Lucifer Was. Un souffle d’antan, sans être poussiéreux, enchante l’atmosphère dégagée par les sept morceaux alignés dans cette récente production. Les guitares résonnent à l’unisson, se fondant vers des sonorités empruntées aux mythiques amplifications à lampes. La pointe de saturation sur les rythmiques s’allie tout naturellement avec une tendance plus «fuzz» sur les soli. Pour accroître davantage cette ambiance colorée, un B3 tombe à point nommé en apportant sa touche de chaleur et d’authenticité. Quant à la voix, claire et puissante, elle se pose sans anicroche sur ce synopsis.
Les titres respirent et s’enchaînent dans ce feeling à la fois tendre et rugueux, à commencer par «The Divine Tree», agrémenté d’une flûte nerveuse et enjôlée qui fait immanquablement penser à Jethro Tull. La construction repose sur des riffs bien sentis, mais les nuances dégagées tendent à considérer Lucifer Was comme une formation très à l’aise dans le rock à tendance progressive. La longueur des compositions renforce encore plus cette aspiration, comme le prouve «Determination», avec son refrain mélodieux et entêtant.
«On Earth» a tout d’un tube en puissance. La simplicité apparente de ce titre met en fait en exergue toute l’expérience que ce groupe sait déployer pour composer une petite perle où bon nombre d’entre nous trouvera son bonheur. La lourdeur de «Almost Home» renvoie à une tessiture plus brute, mais agréablement complétée par la performance vocale de Jon Ruder dont le timbre, spécialement sur le refrain, avoisine la teneur de Glenn Hughes. Tandis que «The First Mover» amorce un revers plus rock and roll, avec toujours en avant le souci de rendre le refrain mémorisable. Les duels guitares/B3 sont encore garants de juteuses envolées. Le dernier titre «Crosseyed» œuvre dans un registre plus électro acoustique dans lequel se côtoient sensibilité et énergie. Une marque de fabrique chère à Lucifer Was.
Le bonus track de ce CD est en fait certainement la version «single» de «On Earth». L’écoute en est tout autant digne d’intérêt.
«The Divine Tree» parviendra à trouver sa place dans la discographie de tout amateur de groupes issus du début des années soixante dix. Ces sept titres sont tout à fait représentatifs de l’état d’esprit de cette époque. C’est un petit ballon d’oxygène de cinquante minutes que distille Lucifer Was avec professionnalisme et inspiration. Pour les autres, cet album peut se révéler comme le tremplin idéal pour se fondre dans cette ère post soixante-huitarde qui figurera toujours comme le berceau de sons nouveaux, dont l’impact est toujours perceptible sur les productions actuelles.