Si le line-up de Krokus n’a jamais été un exemple de stabilité, c’est un véritable tremblement de terre qui a secoué le groupe avant cet album. En effet, Fernando Von Arb est le seul survivant par rapport au précédent album, et encore, il change d’instrument, troquant sa 6 cordes contre la basse. Le chant de Marc Storace ayant été le principal responsable de l’appellation de clones d’AC/DC, la performance de son remplaçant au chant, Peter Tanner, était attendue avec curiosité. La voix de ce dernier peut être décrite comme un hybride de celles de Udo Dirckschneider et de… Brian Johnson. Autant dire qu’il y a mieux pour se démarquer de la Young Corp.
Pourtant, tout commence bien avec l’enchaînement des deux excellents premiers titres 'Stampede' et 'Electric Man', oscillants entre Accept et Judas Priest époque "Screaming For Vengeance", ce qui nous fait espérer un retour au style qui avait fait le succès de "Headhunter". Malheureusement, la suite nous remet les pieds sur terre. Sans être mauvais, les morceaux suivants sont en majorité directement inspirés par AC/DC. Ce n’est pas désagréable, mais cela manque franchement d’originalité et surtout d’identité.
Les seuls morceaux à sortir du lot sont paradoxalement les moins bons. 'Nova-Zano' et sa rythmique à la 'Kashmir' n’arrive pas à décoller, et la pseudo-ballade 'In The Heat Of The Night' met en exergue les limites du chant de Peter Tanner qui a du mal à stabiliser sa voix sur les passages les plus calmes. Seul le survitaminé 'Wasteland' arrive à allier dynamisme et originalité, dans le sens où l’on s’éloigne enfin de l’étouffante inspiration de l’œuvre des frères Young.
Sans être un album désagréable à écouter, "Stampede" est cependant loin d’être une franche réussite. Le succès ne sera d’ailleurs pas au rendez-vous et Peter Tanner y perdra sa place pour un premier retour de Marc Storace.