Enième groupe influencé par l'univers du désormais célèbre Tolkien, Derdian a décidé depuis ses débuts de servir à ses auditeurs un métal symphonique épique et guerrier, pepétuant un style un peu passé de mode, mais très en vogue il y a quelques années encore. La difference notable avec les tenanciers rhapsody of fire tient d'une part de la narration, ici davantage chantée que parlée, et d'autre part de l'ambiance générale, moins sombre et torturée que chez les membres de rhapsody.
C'est curieusement le label Magna Carta, composé d'éminents puristes du métal progressif US ( Portnoy, Morse and co...) qui, probablement dans un soucis de diversification, a signé ce groupe, à mille lieues de leurs affinités premières.
Malgré les quelques plaisirs regressifs liés au style, il serait injuste de qualifier le travail de Derdian de "simpliste ". Car au delà des orchestrations parfois pompeuses et du folklore inhérent au métal symphonique, il faut prendre en considération le travail d'écriture d'une saga qui constitue le leitmotif du concept-album. Guerres, traîtrises, conquètes, amour et mysticisme sont donc narrés et mis en musique en suivant une trame romanesque qui composera probablement une grande partie de l'oeuvre de Derdian.
Pour la mise en musique justement, le premier titre sobrement intitulé "overture" ne fait pas dans la dentelle et annonce la couleur de l'album en usant et abusant de chaleureux et accueillants choeurs guerriers. C'est ensuite une alternance de titres majoritairement speed, assez heavy, sans grande surprise mais suffisament techniques pour y prêter attention. L'auditeur averti ne sera donc pas lesé. De l'harmonie des guitares sur "New era" à l'omniprésent clavier de "betrayer", tout est étudié pour satisfaire amateurs et néophites.
Les solis sont mélodieux, finement executés, les breaks bien sentis et la voix de joe Caggianelli est faite pour ça. L'ensemble de l'album est homogène, sûrement trop d'ailleurs, mais la production heavy et la technicité des musiciens ( sur les trois derniers titres notament ) rassurent quant au savoir faire du combo italien.
Là où le bat blesse, c'est qu'entre l'ouverture et la conclusion, rien n'exalte et l'ennui pointe assez rapidemment son nez. Les responsables? La longueur des titres tout d'abord : 7 à 9 minutes de speed sans discontinuer, sans acalmie, c'est long et frustrant. Les arrangements ensuite, trop desuets voire ringards. Le heavy progressif de "Back to the crystal" et l'efficacité toute relative du hit "The hunter" ne suffisent pas à donner du relief à l'album, et l'envie d'accelerer se fait parfois ressentir.
On aurait aimé des refrains plus fédérateurs (quitte à sonner cliché comme chez nos amis de Freedom call), beaucoup plus de lyrisme (la seule véritable émotion étant procurée par "war of the gods" ) et moins de récurence dans les thèmes abordés. La power ballade "Why" fait son petit effet, mais ici encore la mélodie manque d'accroche et évoque certaines ballades des essais de jeunesse d' Hammerfall.
Les qualités techniques et la bonne volonté sont de considérables atouts dans ce milieu archi connoté mais Derdian devra encore s'affranchir des références du genre pour espérer créer la surprise avec des titres plus directs et des refrains plus inspirés. faute de quoi, le sacré graal s'éloignera pour de bon.