Après un "suREvival" prometteur en 2005, Quidam nous a fait patienter avec un "...bez Polpradu (... Halfplugged)" sympathique en 2006, mais qui n'apportait pas de réponse à la question : Quidam s'est-il trouvé une identité ? Ce nouvel album, très attendu, est de ce point de vue révélateur.
"Alone Together" est basé sur le concept de la solitude intérieure. Si on met bout à bout les titres composant l'album, on obtient une phrase qui donne le fil conducteur qui soutient les compositions : "Different kinds of solitude at night depicting colours of emotions, they are there to remind us of illusions we lost... one day we find we are alone together...". Dès les premières mesures du premier titre, Bartek Kossowicz donne le ton en posant sa voix agréable sur des accords de piano dont le rythme va s'intensifier pour nous amener à un solo de guitare envoûtant dont les échos s'étaleront jusqu'à un final tout en douceur. Après cette mise en bouche, le morceau suivant va nous entraîner plus encore dans l'atmosphère du concept : la guitare de fait larmoyante, Bartek va jusqu'au chuchotement parfois, quand sa voix n'est pas épaulée par celle délicatement féminine d'Emila Nazaruk. Je me suis demandé si cette Emila n'était pas l'ancienne chanteuse du groupe (Derkowska à l'époque), mais je n'ai pas trouvé d'info pour étayer cette hypothèse.
Les compositions se succèdent sans explosion de puissance, la guitare monte dans les aigus en chantant, en pleurant, mais jamais en aboyant. La flûte vient égrener ça et là quelques notes Genesisiennes, les claviers se font discrets, soutenant la musique sans jamais l'inonder de nappes sirupeuses. C'est dans cette ambiance presque calme, mais intense, que nous arrivons à une de mes plages préférées : "We lost". Les quatre dernières minutes de cette composition sont tout simplement somptueuses, digne du Genesis de la grande époque, chant, flûte, claviers mellotronesques, guitare plaintive ... Il n'y a que l'intervention du saxo qui ne soit pas "d'époque" ! Pour réveiller l'auditeur qui aurait confondu relaxation et sieste, "One day we find" fait vrombir un peu les cordes pendant quelques minutes, histoire d'introduire le presque ultime et presque éponyme titre. "We are alone together" voit se succéder les ambiances intimistes pour finir par un beat de batterie lancinant, comme un coeur qui bat seul ? Mais l'album s'achève sur un post-scriptum optimiste où les instruments se répondent joyeusement, car nous sommes "seuls ensemble", "... but strong together" !!
L'essai "suREvival" est bel et bien transformé par ce "Alone together" et Quidam affirme une qualité musicale servie par d'excellents musiciens très complémentaires. Le grincheux pourra regretter le concept triste de la solitude qui s'exprime par des compositions intimistes, mais cette relative tristesse est si pénétrante quand elle est interprété par Quidam !!! C'est beau à pleurer !