Trois ans après Ritual Factory, le trio formant MCM est de retour avec « (1900) Hard Times » qui se trouve être le témoignage de performances lives capturées aux Etats-Unis et en Amérique Centrale. Pour ceux qui découvriraient MCM, un petit CV des musiciens en présence est nécessaire. MCM représente la crème de la crème des musiciens au niveau technique. Même si les trois compères sont plus connus pour leur contribution dans la sphère métal, leur polyvalence et leur science musicale leur permet de se frotter aux compositions jazz-rock. Alex Masi (guitare) est connu pour ses albums solos de haute volée dans lesquels on a pu l’entendre jouer ses transcriptions d’œuvres classiques (Bach par exemple). Randy Coven (basse) à joué pour Malmsteen, Steve Vai ou Brian Setzer et son jeu est reconnaissable entre mille bassistes. Enfin, John Macaluso (batterie), véritable monstre de technicité, a sévi dans TNT ou avec Malmsteen. Il se trouve que Coven et Macaluso était aussi (et surtout) la section rythmique de Ark (nul besoin de vous présentez « Burn The Sun » de Ark), c’est vous dire la qualité du duo.
Ce disque n’est pas à proprement parler la version live de Ritual Fatory car l’essence des compositions serait plutôt l’improvisation. C’est aussi ce qui fait l’originalité de cette galette. Quelques idées ont été concertées entre les membres du groupe, à savoir la plupart des intros et des outros et quelques structures mélodiques et rythmiques en milieu de morceaux ; les 80% restants sont de la pure improvisation.
La musique de M.C.M. vous fera voyager dans un paysage assez progressif avec beaucoup de touches de jazz-rock. Toutes les meilleurs influences du jazz-rock-virtuose sont là, à savoir le regretté Shawn Lane dans le jeu de Alex Masi, qui utilise souvent le même son clair avec delay que son mentor ainsi que les même descentes de gamme et accélérations. Le mimétisme est souvent bluffant (écoutez le début de River Offering pour vous en convaincre). Sur plusieurs morceaux fortement épicés musique-indienne, on se croirait même sur un disque de Jonas Hellborg tant la mélodie et le son de basse sont proches ( « River Offering », « 30 Seconds Over Your Land » ou « Esse’n’Emme »). Outre les passages dans lesquels un instrument est plus mis en valeur qu’un autre (« Them Ain’t Us » et son festival de basse ou « The Ground Above » pour la guitare, même si celle-ci se montre très présente sur tout le disque) vous pourrez entendre un jazz-rock racé et parfois très inspiré (« River Offering » encore…) avec un vrai contenu mélodique même dans l’improvisation. Et c’est peut être cela le plus impressionnant chez M.C.M., la propension de ces musiciens à rester cohérent entre eux même lors de changement de rythmes et d’ambiance comme sur « The Ground Above ».
Le reste des improvisations gravées sur le cd sera un peu plus traditionnel, mariage de jazz et de rock progressif, avec déluges de notes et séquences à l’unisson entre basse et guitare (« River Offering » encore et toujours) et parfois presque free-jazz (« Mutual Assured Distraction » dans lesquel Macaluso est écœurant de facilité ). On peut rapprocher certaines séquences à un bon Steve Morse période Dixie Dregs (« Emergency Poncho »), à un Planet X sans claviers (« Raw Extremities ») ou encore à la rencontre enthousiasmante de Stevie Ray Vaughan et Michael Landau sous acide (« For Every Color You Know »).
Après avoir écouté cet album, le découragement est grand pour tout apprenti guitariste, bassiste ou batteur qui se respecte. Entre le dernier Planet X sortit cette année, le Liquid Trio Expériment, Le Morglbl Trio de Christophe Godin, le Devil’s SlingShot de Tony Mac Alpine et le live de M.C.M, les occasions d’entendre des groupes virtuoses de musique progressive-instrumentale sont légions ces temps-ci. Même si la musique de M.C.M. reste assez opaque aux profanes, la qualité des musiciens et des compositions place ce groupe dans le haut du panier des formations instrumentales. Les fans de ce style vont être aux anges avec cette orgie improvisée. Et tant pis pour les autres…