1992 marque le retour de Gong après plusieurs années obscures durant lesquelles plus personne ne savait vraiment si le groupe existait encore. Après le départ de Daevid Allen, d'autres albums sont certes sortis mais nombreux étaient ceux qui considéraient qu'il ne restait de Gong que le nom et que l'esprit originel s'en était allé avec l'australien. De ce fait, l'annonce du retour de Daevid Allen au sein de la formation a fait naître les plus grands espoirs.
Le résultat de cette reformation est à la mesure du personnage : complètement dingue et fabuleusement génial. Génial d'abord parce qu'on retrouve vraiment tout ce qui fait la particularité de Gong. Ce groupe est classé tantôt dans le jazz, tantôt dans le rock progressif mais il est clair que ces musiciens ont une culture musicale extrêmement étendue, qu'ils ne souhaitent pas se cantonner à un style de musique en particulier et que, pour tout comprendre et apprécier, il faut se munir d'une bonne dose de curiosité et d'ouverture d'esprit.
Après une intro pendant laquelle on se demande presque si les micros n'étaient pas restés branchés par erreur durant l'enregistrement, l'album commence très fort par le morceau éponyme de l'album qui nous rassure d'emblée sur la bonne santé retrouvée de la formation. Du pur Gong, jovial, voire sautillant, techniquement maîtrisé, sans perdre l'aspect musical.
Tout le reste de l'album est un florilège d'expérimentations réussies qui vont piocher dans presque tous les styles musicaux connus sur la planète. Jazz, progressif, musiques ethniques, duo avec Charlélie Couture sur fond de rythmes latins et de discours engagés contre le nucléaire, et même… techno ! Ecoutez attentivement le technoïde 'Dog-O-Matic' et vous constaterez que ces musiciens savent tout jouer.
Album déroutant, voire même lassant à la première écoute tant celui-ci semble partir dans tous les sens, "Shapeshifter" réuni qualité, inventivité et musicalité, trois ingrédients essentiels pour tout groupe de rock progressif qui se respecte.