Et un nouveau venu sur la scène progressive en provenance d'un pays nordique, en l'occurrence la Norvège. Caché derrière le pseudonyme d'un pseudo-groupe, c'est le dénommé Sigurd Lühr Tonna qui se trouve aux manettes de la musique présente sur ce Lost in Woods, interprétant de surcroît la majorité des instruments. Cet album est en fait la compilation de deux EP produits ces dernières années : celui qui donne le nom à l'album, conçu en 2007 et jamais enregistré jusqu'alors, et le premier effort du "groupe" sorti en 2006, portant le charmant titre de (attention, prenez une longue inspiration) Who Needs Planes or Times Machines, When There's Music and Daydreams ?.
Musicalement, c'est plutôt du côté de nos voisins germaniques qu'il faut chercher l'inspiration de notre bonhomme : les amateurs de Krautrock et des premiers Eloy y trouveront leur compte, de même que les nostalgiques du Floyd version Echoes ou Atom Heart Mother. L'orgue Hammond assure les ambiances, et la guitare floydienne en diable brode ses arabesques au-dessus de vocaux à la tonalité psychédélique.
Ces influences sont particulièrement présentes dans Lost in Woods, couvrant les 6 premières plages, inspiré par les musiques de film d'horreur. On pensera également au titre présent sur le premier album d'Alan Parsons Project, The Fall of the House of Usher, utilisé comme musique dans le film (d'angoisse) du même nom.
Le second EP (plages 7 à 17) est quant à lui totalement instrumental, évoluant entre ambiances New-Age, Kraut ou bien résolument psychédéliques, quand cela ne tourne pas carrément au jazz. Le titre Planes or Time Machines, particulièrement réussi, est complètement révélateur de cette association de styles. Ici encore, les claviers vintage et le mellotron sont à l'honneur, tout en laissant une place non négligeable à la guitare.
Petites friandises amenant un peu de légèreté dans cet univers bien sombre, "King Arthur" ou encore "Stung by a Cactus" nous emmèneront sur les traces des Shadows, avant de laisser de nouveau la place aux ambiances floydiennes du Piper at the Gates of Dawn, pour un Knife Valley dantesque.
Annot Rhül se permet également un clin d'œil appuyé (et musclé) à Tangerine Dream en nous proposant un titre aux accents répétitifs dignes des 70's et de la période dorée des allemands, avec un Aurora Borealis entêtant.
Avec cet album, Annot Rhül nous fait effectuer un gigantesque bond de plus de 35 années en arrière. Influences avouées pour exercice de style réussi, ce "Lost in the Woods" s'imposera sans problème aux oreilles des nostalgiques de cette époque où toutes les extravagances musicales étaient permises.