Au concours de l’album atmosphérique le plus sombre de l’année, « Shadows of the sun » peut aisément prétendre figurer en bonne place. En effet, si les derniers albums du groupe montraient déjà clairement une orientation « électro-gothique » prononcée dans la lignée du très beau « A natural disaster » d’Anathema, cette fois-ci, il n’y a plus de doute, Ulver est bien devenu un groupe « dark-ambient » à part entière. L’autre terme qui viendrait à l’esprit pour qualifier la musique des norvégiens est celui de « post-rock ».
Ceux qui, comme votre serviteur, ont adoré « Blood inside », le précédent opus, risquent de déchanter un peu à la première écoute tant l’album entier semble se couler dans le même moule. La musique produite n’est que calme et volupté, la voix du chanteur constamment basse et monocorde évoque la mélancolie et la tristesse : on est à des années lumières du « black métal » des débuts du groupe.
Les instruments rois sont les cordes et les claviers, jamais les norvégiens ne s’étaient rapprochés autant de ce folk scandinave dépouillé cher à Tenhi ou à White Willow (période « Ignis Fatuus »). Par moment, quand l’album aborde des contrées plus cinématographiques, c’est à « Delirium Cordia » de Fantomas que l’on pense (sorte de Bande Originale d’un film d’horreur imaginaire). Et quand on croit que l’ennui va nous guetter, Ulver a l’intelligence d'agrémenter son propos d’une trompette jazzy du meilleur effet. Et ce n’est pas la reprise d’un morceau de Black Sabbath (« Solitude ») qui va changer les choses, la musique s’écoulera tranquillement jusqu’à un dénuement forcément … serein.
Le sticker promotionnel sur l’emballage du disque annonce un album à réserver aux amateurs de King Crimson, Univers Zéro et Coil (entre autres). Pour une fois, la formule me semble bien trouvée.
Pour finir, on remarquera également la très belle pochette illustrée par une photo extraite du « Natural history magazine » d’octobre 1978 (ça, c’est de l’information) cadrant parfaitement avec l’ambiance de l’album.