Jusqu’à présent, Ritual s'apparentait plus à un groupe de folk/rock plutôt doué inspiré par Jethro Tull et Yes qu'à un vrai groupe de rock progressif. "The hemulic voluntary band" est clairement l’album qui les fait pencher vers la seconde catégorie et en plus de la meilleure des façons.
L’album s’ouvre avec le morceau titre d’une réelle efficacité donnant une vraie leçon de progressif 70’s en moins de 5 minutes. A ce jeu là, on pourrait citer Spock’s Beard avec « Thoughts part II » ou encore Echolyn avec « As the world » qui ont, tout comme Ritual, réussi à rassembler la majorité des éléments du rock progressif (complexité instrumentale/vocale, breaks, multiples mélodies enchevêtrées…) dans un tout cohérent et relativement court. La voix de Patrik Lundström joue pour beaucoup dans la réussite de cette chanson, le refrain est redoutable et reste à l'esprit un long moment. Du coup, le second morceau peut paraître un peu fade par rapport à son prédécesseur alors qu’à bien y regarder, tous les ingrédients qui caractérisent la musique du groupe sont encore là : le chant mélodique, l’emploi de multiples instruments plus ou moins acoustiques, l’alternance de passages dynamiques et calmes… Avec « Late in november », Ritual montre qu’il est aussi à l’aise dans la ballade que dans le rock dynamique avec une flûte apportant un caractère celtique et apaisant à ce morceau aux couleurs automnales. « The groke » à la mélodie sombre et martiale est probablement le morceau le moins réussi de l’album même si le pont instrumental s’avère de tout beauté avec un piano fin et délicat. « Waiting by the bridge » sonne plus moderne avec une rythmique funky que ne renierait pas les Red Hot Chili Peppers et un refrain, encore une fois, très marquant.
Si l’album s’arrêtait là, on pourrait dire que Ritual aurait livré une oeuvre tout à fait honorable, mais le meilleur est encore à venir avec la longue suite de 26 minutes « A dangerous journey ». Composé de 9 parties, cet « epic » commence comme un vieux Genesis de l’époque Peter Gabriel avec une forte prédominance de guitare acoustique (« Cat and Glasses ») avant que le climat ne s’assombrisse dans la deuxième partie (« Swamp ») et que les chœurs fassent leur apparition donnant au morceau une dimension plus symphonique. « Meeting » poursuit dans la veine de la partie précédente à ceci près que la guitare électrique, encore assez discrète, y fait son apparition. Puis, « Vulcano » prend la suite et c’est à Yes que l’on pense alors, Patrik Lundström montant dans les aigus pour le refrain et le reste du groupe faisant preuve d’une maîtrise impressionnante du break instrumental. Tout va alors s’enchaîner très vite pour les parties restantes avec « Cold » qui marque une courte pause mélodique dans l’ensemble. « Onion soup » qui renoue à ses débuts avec la ballade jazzy, « Monster ! » et son hard rock pêchu, « Balloon » dans une veine progressif symphonique et « A party outdoors » revenant au folk acoustique du début du morceau.
Si vous rajoutez à cela un très beau livret dans l’esprit « monstres et merveilles » dessiné par Javier Herbozo, "The hemulic voluntary band" est à l'évidence un album incontournable, probablement le meilleur de Ritual avec le premier qui date déjà de 1996. Indispensable !