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Comme beaucoup de groupes à la charnière de différents styles, Pineapple Thief se retrouve souvent la cible de ceux qui trouvent leur musique trop « pop », pas assez « progressive », trop linéaire… Vous pouvez varier les qualificatifs selon vos humeurs ou vos goûts. S’il manque parfois de constance dans l’inspiration (plusieurs morceaux plus ou moins dispensables dans tous leurs albums), le groupe de Bruce Soord sait aussi faire preuve en revanche de beaucoup d’inventivité et d’énergie quand la musique prend le pas sur le chant comme en témoigne le très beau final électro-pop de leur précédent album « Little Man ».
Avec « What we have sawn », les choses n’ont pas vraiment changé. Le chant de Bruce Soord renvoie toujours aux canons de la pop actuelle (Radiohead notamment) mais le groupe semble faire preuve d’un regain d’énergie qui manquait un peu au précédent album, et surtout, la place laissée aux instruments a été considérablement augmentée comme en témoigne l’instrumental « Take me with you » et le morceau final de pratiquement 30 minutes dans lequel le chant n’intervient que pour quelques petites minutes. Ne serait-ce que pour ces 2 morceaux, l’album vaut la peine d’être écouté et de figurer parmi les meilleurs travaux du groupe.
Bien sûr, il y a quelques temps morts (« Deep Blue World »), et la mélancolie est toujours présente dans les compositions. Mais quand arrive le morceau titre avec son ouverture à la « Echoes » de Pink Floyd et sa batterie au premier plan, on se dit que l’on a affaire à quelque chose de spécial. Puis, quand Pineapple Thief se met à côtoyer Sonic Youth sur les terres du « Noisy-rock », la comparaison habituelle avec Radiohead ou Porcupine Tree perd alors un peu sa raison d’être. On retrouve le groupe dans ses habitudes pour quelques minutes de chant mais c’est après que cela devient vraiment intéressant : quelques notes de pianos répétitives, un beat électronique donnant la mesure, puis une lente et jouissive progression instrumentale dans laquelle les guitaristes s’en donne à cœur joie accompagnés par une mélodie synthétique digne de la BO « Escape From New York » de John Carpenter. Du pur rock psychédélique progressif comme on en a rarement entendu depuis « Signify » de Porcupine Tree. Par la suite, Pineapple Thief calme le jeu momentanément avant d’embrayer sur un final symphonique de toute beauté. Au fur et à mesure des écoutes, je suis toujours abasourdi par ce final, le cas typique d’un morceau qui doit prendre une grande ampleur en concert.
Qui osera dire ensuite que ce groupe ne fait pas du rock progressif ? Au contraire, à bien y regarder, Pineapple Thief représente probablement une des facettes de son avenir et « What we have sawn » en est la preuve flagrante.
Plus d'information sur
http://www.pineapplethief.com
LISTE DES PISTES:
01. All You Need To Know 02. Well I Think Thats What You Said 03. Take Me With You 04. West Winds 05. Deep Blue World 06. What We Have Sown
FORMATION:
Bruce Soord: Chant / Guitares / Claviers Jon Sykes: Basse Keith Harrison: Batterie Steve Kitch: Claviers Wayne Higgins: Guitares
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(2) AVIS DES LECTEURS
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On ne peut nier l'effet absolument énorme du morceau titre qui clot l'album. De ce fait, il est un peu difficile d'estimer cet album à sa juste valeur.
Il est vrai que les premiers titres donnent à penser que l'inspiration reste fortement orientée par des groupes qui ont été souvent cités à leur propos. Les accents "pop" ne sont pas ceux que j'apprécie le plus dans leur production. Pineapple Thief a souvent un petit manque d'identité, quelque chose qui les démarquerait définitivement. Néanmoins, cela se laisse écouter et permet de bénéficier d'un talent toujours aussi élevé.
Toutefois, je trouve que "West Winds", avec ses deux volets, vient apporter la touche nécessaire pour se démarquer, spécialement avec une partie de batterie et percussion très inspirée et son final somptueux.
Mais alors, "What Have We Sown" !!! Ce titre, parfaitement progressif, soigneusement mixé et monté, accumule tout ce qu'on peut espérer de mélodique, de planant, de brut (notamment la batterie, sèche, claquante, presque rugueuse), d'envolées rageuses, de boucles planantes, voire parfois de violence. C'est un morceau absolument phénoménal, bourré de changements de thèmes et pourtant unifié par une phrase musicale qui fait tout le lien. Pour être un vrai amateur de titre longs et épiques (Supper's Ready, Fool's Overture, etc..), ce titre-là ne cesse de me stupéfier et de me rappeler à lui. Je ne lui vois pas d'équivalent. Une énergie de fou, de la subtilité, des moments suspendus, quasiment des silences, des transitions tirées au cordeau, des sons très recherchés notamment au niveau des claviers qui parfois semblent pleurer, et une guitare extrèmement fine et sensible. Les paroles inspirantes, très mélancoliques, délicieusement valorisées par la voix suave de Bruce Soord, apportent une touche supplémentaire dans le véritable bombardement d'émotions que balance ce morceau lanciant et captivant de bout en bout.
C'est une oeuvre à lui seul, et avec ses 28 minutes, il peut tout à fait se loger seul sur un CD et tourner en boucle... Impossible de se lasser. Un monument.
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Il faut reconnaitre un mérite à Pineapple Thief : celui de savoir meubler le vide. Si le son et les arrangements sont extrêmement soignés tout au long de leur dernier album, “What we have sawn”. c’est l’aspect le plus progressif de leur travail. Pour le reste, j’avoue avoir été pris d’une vertigineuse somnolence à l’écoute de cet opus, faute d’avoir pu accrocher à leurs compos. Le procédé consiste ici le plus fréquemment à empiler les arrangements sur des lignes mélodiques très simples, voire simplistes (le troisième segment du morceau-titre se développe sur deux notes scandées pendant 7 minutes), procédé largement utilisé en techno et en trance music. Ici les arrangements sont plus complexes mais pour qui ne se laisse pas prendre par le truc, ne masquent pas le manque de matière dans les compositions. On entend bien des réminiscences de groupes illustres comme Pink Floyd (le parfum d’Echoes [Meddle] est très net dans ‘What we Have Sawn’, le morceau) ou Porcupine Tree (les harmonies de ‘Well, I think that’s what you said’ par exemple), mais ces glorieux prédécesseurs ont quant à eux su insuffler un supplément d’âme qui a profondément habité leurs morceaux. Ici tout paraît désincarné, flirtant souvent avec l’inconsistant (‘Take me with you’), parfois avec la guimauve (‘Deep Blue World’), au mieux avec le hit FM sympa mais pas très original (‘All You Need to Know’). Ailleurs, on fait dans le remplissage (pas mal d’interludes comme à la fin de ‘Well, I think that’s what you said’ ou de ‘Take me with you’), ou dans l’étirement des lignes musicales jusqu’à plus soif, notamment dans le morceau-titre, interminable. On arrive donc au prototype de ce qui est une fausse bonne idée : le produit admirablement bien fini mais très creux, aussitôt écouté, aussitôt oubliable. La négation même de ce que l’art en général, et la musique progressive en particulier, devrait produire ! “What We Have Sawn” donne donc une maigre récolte : un parfait produit de consommation, agréable à utiliser, mais sur une durée fort limitée : désespérant !
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(1) COMMENTAIRE(S)
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LECTEURS:
4.2/5 (5 avis)
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STAFF:
3.7/5 (11 avis)
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EN RELATION AVEC THE PINEAPPLE THIEF
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DERNIERE INTERVIEW
THE PINEAPPLE THIEF (04 SEPTEMBRE 2020)
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Si Bruce Soord nous a habitués à se prêter au jeu de l'interview, c'est aujourd'hui le grand Gavin Harrison qui a pris son relais pour notre plus grand plaisir !
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