Après « The Twilight Chronicles » sorti l’année passée avec son groupe Ten, le prolifique Gary Hughes nous revient déjà avec un album solo intitulé « Veritas ». C’est ce qui s’appelle ne pas chômer, car Gary Hughes nous avait aussi régalé récemment avec son diptyque « Once and Future King » entouré d’une pléiade d’artistes réputés. Et si Ten compte déjà 7 albums au compteur, il avait encore participé aux compositions et produit les premiers albums solo du chanteur de Magnum, Bob Catley. Fameuses références !
Adepte d’un hard mélodieux parfois parsemé de notes progressives, mais flirtant aussi avec l’AOR, on pouvait bien se demander quel style allait aborder cet album solo. Plus hard ou métal, plus prog ou plus AOR ? La pochette apporte peut-être un embryon de réponse : Gary Hughes nous la fait presque look crooner. Mais l’habit ne faisant pas toujours le moine, écoutons plutôt.
L’album semble bien démarrer avec la plage titulaire ; belle voix, instrumentation énergique, refrain sympa, ce n’est d’ailleurs pas loin du style de Ten. Seuls les claviers bourdonnants ou sautillants laissent déjà planer un doute sur la production. C’est toutefois une chanson imparable et très mémorisable, mais ce sera aussi la meilleure composition de l’album… La suivante, « See Love Through My Eyes » assure une mélodie agréable, un peu nostalgique, mais à nouveau, les claviers semblent bricolés et anachroniques (c’est quoi cet hélicoptère dans le casque ?). Ce sera hélas trop souvent le cas tout au long de l’album.
La suite présente encore quelques lignes mélodiques agréables pouvant rappeler Asia, comme sur « In my head », « Wide Awake In Dreamland » ou même « All I want is you », mais cela reste linéaire et très conventionnel. Pire, la musique est souvent gâchée par une production qui se veut peut-être moderne mais qui est finalement trop datée.
Pour un album solo, les tentatives de sortir de son style de prédilection sont louables, mais elles sont ici peu concluantes, comme en témoigne « Strange » qui sonne comme de la new-wave aseptisée de la fin des eighties. Ou encore comme « Synchronicity », longue pièce à tendance prog mais qui ne décolle jamais. En ayant probablement l’ambition de toucher un public plus large, Gary Hughes a pris le risque de décevoir sa base, et ce risque, hélas, se réalise.
Un auditeur qui ne connaît pas Gary Hughes pourra peut-être y trouver son compte de gentil rock mélodique, mais il y a, à mon avis, beaucoup trop de compositions moyennes pour l’amateur exigeant. De plus, les musiciens jouent sans beaucoup de conviction, les claviers sont parfois insupportables et la production est approximative. J’aurais aussi aimé retrouver la pêche et la chaleur d’un Gary (Barden) ou d’un (Glen) Hughes, ou simplement du Gary Hughes que j’apprécie, j’ai attendu en vain. Heureusement que le refrain de la plage titulaire me trotte encore dans la tête, allez je me le repasse…