C'est après avoir participé à divers projets musicaux que les musiciens actuels créaient Division By Zero en 2003 rejoints deux ans plus tard par le vocaliste Slawek "5th" Wierny ; ce laps de temps s'expliquant par une recherche infructueuse d'une voix collant au son de la formation. Le claviériste originel sera lui remplacé par Robert Gajgier en 2006.
Originaire de Pologne au même titre que Riverside, le quintet pratique pour sa part un métal progressif puissant et technique lorgnant vers la virtuosité et les structures alambiquées de Dream Theater et le côté sombre voire malsain d'Opeth. On retrouve d'ailleurs la patte de ce dernier sur les alternances de chants clairs et de growls. Pour être plus explicite, la tessiture sur les chants clairs, sobres et profonds de Slawek Wierny s'apparente à celle de Stefan Zell de Wolverine ou celle - le monde est petit - de Mariusz Duda de Riverside.
Le principal défaut de 'Tyranny Of Therapy', autant l'avouer d'emblée, réside dans sa trop courte durée. Lorsque les 40 minutes composant l'album se seront écoulées, le visage que vous risquerez d'arborer ressemblera sans doute à celui de la pochette mais pour des raisons de frustrations légitimes de ne pas avoir été repu comme vous le souhaitiez devant un menu si savoureux. Si l'on compte les trois plages composées de bruitages et autres scènes dirait-on sortis tout droit d'un film d'horreur, ce sont donc sur les cinq titres restants que Division By Zero démontrera son réel potentiel.
Et quel potentiel ! Hormis sur certains passages au piano ou sur des guitares atmosphériques, l'omnipotence des riffs lourds et oppressants, se muant parfois vers le death ou le doom, de la sept cordes de "Lechu" Trela ainsi que la cavalcade des fûts insufflent à l'ensemble une force imposant le respect. La percussion des sillages progressifs souvent électrisants, mis en avant par une production impeccable alterne avec des moments d'apaisement, et dont l'accusé mais pas coupable principal est en le timbre harmonieux du frontman.
Division By Zero affiche une vision du monde désillusionnée à travers une musique aux ambiances sombres et moites. Le constat amer ainsi présenté d'un univers sans âme s'inscrit dans une mise en situation nocturne ("Night") avec un développement temporel aux allures de didascalies partant du soir ("Evening") jusqu'au matin ("Morning") L'interprétation de leur pensée semble pourtant suggérer un problème voué au départ à l'échec à l'instar d'un titre comme "Incinered Wishes", à l'impossibilité d'une solution réelle – définie - dans le patronyme même de leur formation.
Au final, il est coutumier de dire "quand on aime, on ne compte pas". Ceci dit, un album plus copieux en termes de durée aurait fait office de nourriture plus rassasiante. Tout comme la cuisine nouvelle, les qualités somme toute évidentes semblent primer sur la quantité sur 'Tyranny Of Therapy'. Est-ce à dire que Division By Zero appartient au monde select des grands cuisiniers du progressif ? Sans aucun doute la réponse sera positive. Et pour un premier effort, le niveau est déjà remarquablement élevé. Sans déroger à un genre bien établi, c'est par une impitoyable efficacité que les huit moins trois titres devraient - je l'espère - vous asperger de contentement et asseoir désormais leur toute nouvelle co-suprématie, que les polonais ne renieront sûrement pas vu l'ampleur de leurs actes, sur la sellette du métal progressif.