La Suisse regorge de talents plus ou moins experimentés et médiatisés, qui ont tous en commun l'influence de la culture musicale US et la volonté de s'exporter hors de leurs précieuses frontières.
Crystal ball fait partie de ces récentes et néanmoins prolifiques formations qui mettent tout en oeuvre pour briser le cou aux idées reçues d'une Suisse mollassone.
7 années de carrière seulement, et déjà 6 albums (le premier au titre évocateur "In the beginning" sortait en 1999) oscillant entre Hard rock classique et heavy métal mélodique. Le dernier en date, "Secrets", suit les pas des grands frères au risque, peut être, de priver les auditeurs d'originalité et de caractère, mais dont la force réside dans la maîtrise du style.
La première impression ressentie est celle laissée par la voix de Mark Sweeney, dont le timbre rocailleux évoque celui du chanteur de Shakra, autre groupe Suisse. On pourrait presque les confondre, et si on oublie la ressemblance, c'est une voix plutôt agréable à écouter, qui nous fait oublier un instant les traditionnels gargarismes sur-aigües des chanteurs de métal mélodique, et qui prend de la place dans l'univers sonore. Tellement de place même, que le break d' "It's not love" chanté par une voix de femme est un vrai répis pour nos oreilles.
Le premier titre "Moondance" est lancé comme une fusée, et la fin du compte à rebours laisse présager des mélodies en or, des refrains qui tuent et des semelles usées. Mais un peu comme des fiancailles sans mariage, les promesses ne sont pas tenues.
La première moitié de l'album se veut hésitante, tantôt FM (Minor key), tantôt sudiste (l'intro de Time has come) tantôt métal. Il faut attendre la sixième piste avec le titre éponyme pour être bousculé et sentir les premières effluves de métal et de double caisse. Les titres suivants se suivent et se ressemblent. Le riff de "Wings of fire" sort directement de "Cherokee" du groupe Europe ( révisons nos classiques...), "Dreaming of you" en plus d'avoir un titre cliché sombre dans la ringardise et les refrains des suivantes ne rentrent jamais vraiment dans la tête.
Restent les excellents solis joués dans "Destiny" (dont l'intro évoque l'atmosphère d'Orange Mécanique) et dans "Face of truth", court mais efficace.
Toutefois, les problèmes récurents sont des refrains peu inspirés, répétés 36 fois à la fin de chaque titre, un clavier parfois daté et un manque de personnalité évident.
Secrets, c'est un peu le double musical des blockbusters américains auxquels nous avons droit chaque été : Une production qui en met plein la vue, des images à ne voir que sur grand écran (mention très bien pour la pochette) et un scènar qui tient sur un ticket de métro... Autrement dit, un heavy bien joué, bien mixé mais sans saveur et archi convenu.
Le groupe a fait mieux dans le passé, il est donc capable de nous étonner à l'avenir.