Newbreed est une formation polonaise dont la genèse remonte à 1999. «Child Of The Sun» représente la cinquième production de ce jeune quartette, dont les débuts discographiques remontent à l’année 2000. Ce groupe n’est donc pas regardant côté création et semble par conséquent avoir beaucoup à dire et à faire partager. D’autant que chaque sortie d’album s’est vue suivie d’une tournée et également de participation à des festivals, notamment «Brutal Surgeins Tour» en 2002 et «Awakening On The Past Of Rain» en 2006. Cette volonté farouche s’avère nécessaire, car par l’intermédiaire de ce nouvel album, Newbreed va tenter d’opérer un retour remarqué sur la scène internationale. En effet, huit ans d’existence et quelques changements de personnel à la clé ont pu forger un caractère bien trempé aux deux frères fondateurs de ce groupe. D’ailleurs, pour l’anecdote, le bassiste actuel n’est pas un véritable membre, mais officie plutôt en tant qu’invité de marque.
Cette forme d’exigence se révèle comme un atout de poids pour Newbreed. Ce groupe se présente dans un courant musical fortement empreint d’une teneur «métal progressif» où cette appellation prend un tout son sens sur les huit titres élaborés par ces fougueux et créatifs polonais. Le son émanant de «Child Of The Sun» reflète pleinement une ambiance lourde et oppressante qui sait aussi se muter dans un climat plus délectable et mélancolique.
A la première écoute, la maîtrise technique du quartette ne laisse planer aucun scepticisme. La structure des compositions repose sur une assise où la complexité s’allie à l’efficacité de riffs tranchants et assassins. Les soli distillés par les guitaristes brillent de mille feux, renforçant les nombreux breaks dans lesquels de multiples sonorités s’imbriquent. La voix du guitariste/chanteur, dont le timbre clair rappelle le défunt Layne Staley, apporte une couleur naturelle et intense. Le tandem rythmique, quant à lui, s’en donne à cœur joie pour agrémenter puissamment cette atmosphère. La basse se veut tantôt métallique et malmenée, tantôt ronde et chaude au fil des schèmes imposés par la texture de ces huit créations.
Après ces quelques présentations plutôt flatteuses, entrons sans plus attendre dans le vif du sujet. Newbreed impose son style nourri de nuances et d’alternances entre finesse et brutalité. A ce titre, le premier morceau «So Far Away From Here» démarre en arpèges limpides avant d’entamer un riff saccadé et tendu. Beaucoup de contraste et une grande richesse mélodique tapissent cette composition dont la charpente rompt immédiatement avec le classique couplet/refrain/solo. Cette originalité dans les thèmes et les schémas reste en toile de fond tout au long de «Child Of The Sun» et s’affirme comme une constante sur chaque intervention offerte par ces musiciens inspirés et fertiles. Le plus bel exemple en est démontré avec l’instrumental au titre éponyme où l’univers progressif est détaillé avec une énergie confinant adroitement vers une invitation à l’imagination et aux rêves. Une autre perle, intitulée «Butterfly Colours» vient clôturer cette galette de manière toujours aussi inventive et brillante. Il suffit d’imaginer Black Sabbath rencontrant Pink Floyd au détour d’un studio dans lequel les protagonistes se livrent à une improvisation aussi surprenante que cohérente. Encore un bel échantillon d’audace qui retentit magistralement aux oreilles quelque peu désorientées mais néanmoins ravies de l’auditeur.
Cette production n’est certes pas facile d’accès, mais tout le mérite revient à cette jeune formation à qui le talent et l’habileté permettent de s’installer dans un créneau novateur où la monotonie n’a pas sa place. Newbreed n’a pas peur de surprendre et au final, propose un album étonnant, détonnant et attachant. Ce groupe peut dores et déjà se réjouir, car «Child Of The Sun» ne passera certainement pas inaperçu en cette fin d’année 2007. Cette perspective est fort souhaitable, car Newbreed gagne à être connu et reconnu bien au-delà des frontières de son pays d'origine.