Au début il y avait Creed, formation américaine de post-grunge issue de Floride marquée par un succès remarquable outre-altantique et par plus de 40 millions d'exemplaires écoulés dans le monde de leurs trois albums studios et de la sempiternelle compilation. Les états de troubles dépressifs notoires du chanteur Scott Stapp amenèrent pourtant le groupe sous l'impulsion de Tremonti à se libérer de ses services et à mettre fin à l'aventure Creed en 2004. La même année, renaissant de ses cendres, apparaissait donc Alter Bridge emmené par les anciens musiciens de Creed et Myles Kennedy au chant.
Après la sortie en 2004 de 'One Day Remains', premier opus d'Alter Bridge, il apparut évident que des bouleversements au niveau du style n'étaient pas de mise. Manifestement la recette utilisée par Tremonti pendant les années Creed - et largement payante - allait être ressortie pour le plus grand bonheur de leurs fans. Trois ans plus tard, qu'en est-il de leur nouveau bébé 'Blackbird' ?
Et bien, comme d'habitude, cette fameuse recette usée jusqu'à la corde basée sur une dichotomie entre titres métal lourd et mélodies mélo-dramatiques fait une nouvelle fois surface. Comme d'habitude encore, l'interprétation rend grâce à leurs morceaux. La maestria du feeling de Tremonti, ses solis et son shredding ne font pas défaut, les fûts de Scott Phillips palpitent toujours avec le même entrain, tandis que Kennedy assure dignement son rôle de frontman passant de l'éraillement typique du genre à de douces et avenantes mélopées.
Ainsi comme à l'accoutumé, Alter Bridge sait mettre à profit le talent de composition de ses membres. Occupant un terrain privilégiant un métal puissant et technique, les titres à l'instar du plus représentatif dans ce domaine "White Knuckles" prennent toute la place qui leur est donnée et s'ouvrent sur des refrains presque racoleurs tant l'efficacité en est flagrante. Adoucissant les encoignures, certains mouvements prennent a contrario le parti de l'émotion, et de bien belle manière : "Brand New Start", la plus épique et grandiose "Blackbird" ou la légère et folk "Watching Over You" agrémentent l'album d'une douceur relative et aspirent avec succès à insuffler une trame dramatique.
Toutefois, et ce comme d'habitude, la qualité des morceaux est disparate et certains restent anecdotiques. A titre d'exemple, "Rise Today" ou "Break Me Down" n'enclenchent pas la même euphorie que la plupart de leurs confrères pourtant fondés sur les mêmes schémas.
Alors, quoi de neuf en fait chez Alter Bridge ? Un changement de Label ? Pas suffisant pour faire évoluer leur musique. Certains diront que le son 'Alter Bridge' s'est alourdi, mais cela n'est vérifié que sur une minorité de titres, et encore… Pour la cinquième fois, Tremonti et ses sbires enchaînent donc les tubes mais ne fait pas avancer le groupe au-delà des sentiers déjà tracés et pratique manifestement l'accouchement sans douleur. Pourtant même si la musique demeure clairement formatée, elle n'en reste pas moins attractive et laisse même envisager des écoutes répétées.