Saxon fait partie de ces rares groupes qui, après pourtant plus de 30 ans des carrière, ne sont toujours pas décidés à vieillir. Le meilleur exemple en est leur mythique batteur, Nigel Glockler. En effet, cela faisait environ 10 ans que ce dernier avait dû interrompre sa carrière en raison de problèmes de dos récurrents. Ils sont nombreux qui, dans ces conditions et après tant d’années passées sur les planches, auraient fini par abandonner toute idée de retour pour profiter d’une retraite bien méritée. Pourtant, à force de traitement et de courage, Nigel reprend sa place derrière les fûts pour le plus grand bonheur des aficionados du quintet mené par Biff. Autant dire que dans ces conditions, la nouvelle galette de Saxon était attendue avec impatience.
Quitte à briser un peu rapidement le suspens, il faut dire que cette impatience est plus que récompensée. Saxon nous offre un album à la fois abouti, varié et classique, que cela soit dans les thèmes abordés et dans les styles d’interprétation. Ainsi, si les références à l’esprit rock’n’roll way of life sont toujours bien présentes comme le prouve le véritable hymne qu’est 'I’ve Got To Rock (To Stay Alive)'. Saxon sait se faire plus sérieux avec des titres tels que 'If I Was You' traitant du port d’arme et des crimes qu’il engendre, ou 'Red Star Falling' qui évoque la chute de l’empire communiste en Europe de l’Est. Même l’histoire est abordée avec la fresque épique qu’est l’inattendu 'Atila The Hun'.
L’interprétation est sans faille. Biff est toujours aussi charismatique et continue même à gagner en agressivité. La paire Quinn – Scarratt tisse un mur de guitares qui écrase tout sur son passage, mais qui sait aussi communiquer une bonne humeur vivifiante comme sur la trilogie heavy-rock formée par 'I’ve Got To Rock (To Stay Alive)', 'If I Was You' et 'Going Nowhere Fast' qui sont autant d’hymnes fédérateurs dont l’efficacité a déjà été prouvée en live. Nibbs Carter est toujours aussi efficace, même si la production ne met pas toujours sa performance assez en relief.
Enfin, que dire du miraculé Nigel Glockler ? Tout simplement qu’il est sidérant. Il n’était pourtant pas évident de reprendre sa place après l’intermédiaire assuré par Jörg 'Dynamite' Michael. Et pourtant, la performance est hallucinante. A la fois variée, puissante et rapide. Il va même jusqu’à nous glisser un blast-beat à la fin de 'Need For Speed'. Ce morceau se trouve au cœur d’une trilogie speed, entouré par 'State Of Grace', avec son intro grégorienne et ses parties de doubles, et 'Let Me Feel Your Power',, hommage aux fans avec un break heavy particulièrement efficace. Placés en tête d’album, ces trois morceaux ont le mérite de nous mettre immédiatement dans le bain sans échauffement.
Ces trilogies sont accompagnée par 'Ashes To Ashes', très bon titre heavy, et surtout par deux titres épiques : 'Red Star Falling', proche de la power-ballade, et surtout 'Atila The Hun' et ses presque 9 minutes qui nous fait traverser différentes ambiances, ce qui lui donne un côté progressif très réussi.
Ceux qui attendaient que les apôtres de la NWOBHM lèvent le pied en seront donc pour leurs frais. Pour les autres, ils se régaleront de cette nouvelle offrande à la fois rassurante et porteuse d’espoirs quant à la suite de la carrière de Biff & Co.