Si "Powerage" fut l’album le plus sous-estimé de la période Bon Scott, "Flick Of The Switch" est probablement l’album de l’ère Brian Johnson, nécessitant le plus d’être réhabilité. Si cet album n’a pas reçu l’accueil qu’il méritait à l’époque, il s’agit plus d’une question de circonstances que des qualités intrinsèques de l’album. Tout d’abord, l’environnement n’est plus le même et les regards sont tournés vers les Etats-Unis où le speed, le thrash et le glam commencent à exploser et il est de bon ton à l’époque de tirer sur les groupes établis. Ensuite, le relatif échec de "For Those About To Rock" fait que son successeur n’est pas attendu dans un état d’esprit appelant à la tolérance.
Pourtant, AC/DC a décidé de revenir à plus de simplicité à plusieurs niveau, et ceci, dès la pochette quasiment minimaliste avec le dessin noir d’Angus de dos sur fond blanc. Ensuite, le son renoue avec le côté brut des débuts, ce qui est plutôt une bonne chose après le mur sonore étouffant de "For Those About To Rock". Enfin, le mixage est plus équilibré et laisse sa place à chaque instrument, la voix de Brian Johnson n’étant pas trop mise en avant et la basse de Cliff Williams prenant la place qui lui revient.
Les compositions quant à elles, retrouvent de leur légendaire efficacité sans s’embarrasser d’artifices inutiles. "Landslide" et "Brain Shake" nettoient nos conduits auditifs avec leurs tempi rapides, de même que "Flick Of The Switch" avec son riff hyper dynamique digne d’un rouleau compresseur. "Nervous Shakedown" au refrain catchy et cinglant, et "Guns For Hire" avec son intro en rafale, défouraillent sur tout ce qui bouge avec leurs riffs à tiroir. "Rising Power" et "Deep In The Hole" sont les représentants de la face heavy du groupe avec des refrains accrocheurs. "This House Is On Fire" et sa montée en puissance toute en dynamique et "Bedlam In Belgium" avec un riff irrésistible viennent solliciter nos articulations prises de mouvements incontrôlables. Enfin, "Badlands" vient nous glisser un riff inspiré par les indiens des grandes plaines d’Amérique du Nord, le tout sur un tempo bien lourd.
Le seul petit point faible de l’album pourrait venir du jeu d’un Phil Rudd éreinté par le rythme soutenu des tournées et des enregistrements. Il quittera d’ailleurs le groupe à la suite des sessions de cet album pour se ressourcer quelques années en Nouvelle-Zélande. Son retour n’en sera que meilleur. Il est donc grand temps de redonner à cet album, la place qu’il mérite dans la discographie d’Angus & Co. Il semblerait d’ailleurs que ces derniers s’y emploient sur la dernière offrande vidéo en date qu’est le magnifique coffret "Plug Me In".