Apparu au début des années 90 au sein de la fructueuse vague polonaise néo-progressive en même temps que ses glorieux compatriotes de Collage, Abraxas et autres Quidam, Albion a connu une carrière beaucoup plus chaotique que ses désormais illustres compatriotes.
Entre un premier album pressé sans autorisation par un label, et des difficultés à trouver une succession à sa chanteuse originale, le groupe a connu une parenthèse silencieuse de 10 années, enfin rompue par la sortie de Wabiac Cienie en 2005. Et heureusement, signe d'une activité que l'on espère stabilisée, il n'aura fallu que deux ans au groupe pour produire un successeur à cet album du renouveau, affublé qui plus est d'un titre prononçable, ce qui ne gâte rien !
Autant le dire tout de suite, Broken Hopes s'inscrit donc dans la droite ligne de son prédécesseur, et les amateurs purs et durs du progressif, qui stimule les neurones dans tous les sens à grands coups de breaks rythmiques et mélodiques en tout genre, en seront pour leurs frais. D'un autre côté, l'étiquette néo-progressive accolée à juste titre à Albion aura déjà fait fuir la plupart de ces auditeurs, donc…
Après une courte introduction à l'utilité discutable, l'album démarre avec son plat de résistance. Dès les premières notes de The Place, on se retrouve dans un univers bien balisé, au son reconnaissable entre mille : une voix féminine posée sur des arpèges de guitare cristalline, avant l'arrivée d'un bon vieux chorus aux accents marillionesques période Season's End. Toutefois, la durée allongée de ce titre va permettre au groupe d'introduire en son milieu un inhabituel intermède floydien, façon Animals, avant de terminer ce superbe épic par un retour aux affaires courantes.
Après ce premier morceau de bravoure placé en début de galette, le risque (hélas classique) est de voir l'intérêt des pièces suivantes quelque peu amoindri. Et malheureusement, c'est le cas avec les deux sympathiques pièces suivantes, qui malgré une atmosphère très … atmosphérique, ne décollent jamais vraiment et sombrent dans une langueur un peu trop monotone. Angel va ensuite réveiller un peu tout cela, introduisant une fin d'album un peu plus dynamique, et ce malgré quelques choix discutables, comme la voix trafiquée et insupportable dans I Am. Ainsi, Turks Fruit, mais surtout le superbe This is the Way Where we Go vont nettement renvoyer les actions du groupe à la hausse, tandis que Near the End viendra conclure tout cela sous la forme d'une classique ballade à la Mostly Autumn.
Destiné à un public voulant passer un agréable moment en écoutant de la belle musique sans prétention excessive, Broken Hopes atteint ses objectifs sans souci. Avec ce nouvel album, Albion nous propose ses qualités habituelles, des mélodies et des ambiances imparables, mais également ses habituels défauts : chanteuse manquant de personnalité et quelques passages peu inspirés. Malgré cela, l'amateur de néo-progressif pourra faire partager sans souci cette galette à un non-initié : ce dernier en retirera forcément du plaisir.