De nos jours, c’est souvent chez les petits groupes qu’il faut aller chercher des perles. C’est sans doute encore plus vrai à une époque où les bonnes sorties dans le genre métal noir se font rares. C’est donc du côté des Québécois de Spirit of the Forest que nous allons nous concentrer. Cette formation est originaire des Laurentides et regroupe des membres de Magister Dixit ainsi que d’Utlagr. Deux formations black métal qui sont également d’origine québécoise. Spirit of the Forest se veut donc un groupe privilégiant la qualité musicale à un exercice de « tr00isme » qui consiste à enregistrer une démo deux titres sur un deux pistes, dans un garage, pour ensuite vendre ça sur des bandes magnétiques, pressées à l’amateur et, limitées à seulement dix exemplaires, phénomène qui est malheureusement assez populaire à travers le Canada...
Mais concentrons-nous sur la formation vedette de cette chronique. Spirit of the Forest ne s’entête donc pas à cultiver une imagerie trop clichée et va préférer aborder le thème de la nature vengeresse. "A brew of lightning and Terror", c’est la vengeance de la forêt face au fléau qu’est l’homme, la réaction de la nature face à un système qui privilégie le profit plutôt que de maintenir l’écosystème. La catastrophe naturelle implacable est traduite en riff de guitare soutenu par une batterie qui martèle littéralement son auditeur avec finalement, une voix torturée hurlant toute la haine que peut ressentir la nature.
Si ces quelques lignes laissent croire qu’il s’agit d’une musique brutale sans aucune intelligence, il en est tout autrement, car la musique de Spirit of the Forest se veut surtout mélodique avec un travail assez soigné au niveau de la composition. C’est un véritable festival de riff de guitare avec des leads qui font littéralement voyager au cœur de la forêt (forêt où, entre nous, on ne doit quand même pas vouloir y mettre les pieds). Au final, on est donc ici beaucoup plus proche d’un Satyricon de la vieille époque couplé à un Darkthrone, le tout saupoudré d’un côté folklorique sur lequel le groupe semble vouloir insister avec une production old-school assez crue mais bien équilibrée. Pour vous en convaincre, les cinq minutes de la pièce instrumentale Feasting Trees seront la pour vous faire presque danser une gigue.
Avec une description de ce genre, vous devriez savoir à quoi vous attendre. Si vous aimez le black metal old-school mais mélodique avec des ambiances travaillées dans la veine des vieux Satyricon, Darkthrone ou Kampfar, ne passez pas à côté de la chance de connaître cette formation, ce serait bien dommage et souvenez-vous, il n’y a qu’un seul maître sur terre et ce n’est malheureusement pas nous, les êtres humains…