Magister Dixit est avec Frozen Shadows et Utlagr l’un des rares groupes de Black Metal à performer sur une scène québécoise beaucoup plus propice au Death et au metalcore qu’à l’art sombre du métal noir. Fondé en 1997, le groupe a d’abord sorti « Andar and the curse of Azagath » (2000) pour ensuite enchaîner avec « Infernal Martyrism » (2004). Plusieurs changements ont eu lieu depuis cette dernière cuvée. D’abord, changement de label, on passe de Galy Records à Mankind Demise Records, et c’est désormais Ekinox, le bassiste du groupe, qui s’occupe de la production des albums. Ensuite, côté line-up, c’est Auster, crédité comme membre de session, qui occupe la position de frappeur et Ghor, qui tenait la guitare sur Infernal Martyrism, n’est plus.
Finalement, nous arrivons en 2007 et voilà que « My anger is a eternal field of demonized mercenaries » déboule dans les bacs. Est-ce que ces 3 années de durs labeurs auront eu raison d’un groupe qui avait probablement encore beaucoup à montrer ?
En fait, on ne regrettera pas ces 3 années d’attente. En effet, fini la production défaillante de « Infernal Martyrism ». Désormais libéré des contraintes de temps du studio grâce à l’autoproduction, le groupe a pu enfin prendre son temps et s’offrir une production digne de ce nom.
Le son de cette cuvée se veut beaucoup plus puissant et équilibré que son grand frère, rendant justice à des compositions qui se veulent mélodiques, longues et épiques. Ce qui est plus qu’honorable pour une galette autoproduite.
L'album commence par une introduction progressive et inquiétante de 2 minutes à la guitare acoustique, annonçant le début d’un « A eternity of pain and suffering » venant littéralement frapper l’auditeur au visage. Ne faisant pas dans la concession, les jeux de double guitare viennent déchaîner les enfers de par leurs nombreux riffs ravageurs et leurs leads viennent blasphémer des mélodies tantôt démoniaques, tantôt mélancoliques. Des blasts beats haineux viennent marteler les oreilles de l’auditeur, mais le tout avec des breaks judicieusement bien placés, et des jeux de batteries suffisamment variés pour ne pas tomber dans la redondance. Les hurlements blasphémés par W.Solstice, quant à eux, se veulent dans un registre puissant, écorchés vifs et collent à merveille à une musique qui se veut colérique.
Les compositions souvent longues et épiques sont dans la veine de ce que faisait Abigor (une des sources d’influence avouée du combo québécois) et il est très difficile de s’ennuyer durant l’écoute de cette galette étant donné la variété qui la compose. Aucune des pièces ne se ressemble et elles sont souvent accompagnées d’un nombre impressionnant de riffs (11 pour « The Rebirth of our north »). Ce genre de détail pourrait effrayer l’éventuel intéressé qui du coup, finirait par croire qu’il se perd dans un labyrinthe incohérent pour en ressortir sans avoir compris quoi que ce soi. Rassurons-le, il peut calmer son angoisse, car le niveau de composition est suffisamment cohérent et de bonne facture pour plonger l’auditeur dans les ambiances de haine et de douleur composant l’œuvre.
Finalement, s’il y avait qu'un seul défaut à ressortir, il concernerait la batterie qui, malgré l’excellent travail à la production d’Ekinox, aurait gagné à être mise davantage en avant pour mettre en valeur toute l’énergie que Magister Dixit cherche à dégager sur cet album. Mais c’est presque chercher de la mauvaise herbe là où il n’y en a pas ! En conclusion, tous les amateurs de Black Metal dans la veine d’Abigor, Satyricon ou Emperor peuvent se procurer cette galette sans risque de déception. En fait, ils devraient plutôt craindre la colère de ces « mercenaires démoniaques ».