Faut-il obligatoirement être norvégien pour faire du Black Métal de qualité? La question semble pertinente vu la nationalité de Frozen Shadows. Car, il s’agit d’un combo Canadiens français de la belle province, qui fut fondée en 1995, et ils le revendiquent. Il n’y a qu’à voir la petite dédicace en arrière du livret « Ces odes au mal sont avant tout dédiées aux amants de la langue de Molière dotés d’une âme noire. Frozen Shadows Est et restera toujours un groupe de Black Métal purement québécois. ». Quoi qu’il en soit, « Dans les Bras des Immortels » sort en 1999, soit 3 ans après la démo « Empire de Glace » et vient apporter une réponse à la question posée au début de ce paragraphe.
Si ce « Dans les Bras des Immortels » est encore de nos jours reconnu comme étant digne d’un album culte, ce n’est pas pour rien. Car si le groupe ne réinvente pas la roue, ils ne font pas non plus dans le plagiat honteux et distillent à merveille toute une palette d’influence pour au final, donner l’un des albums de Black Métal les plus crédibles qui soient dans toute la belle province.
Par ailleurs, le morceau éponyme ouvrant l’album est très représentatif de ce que peu offrir ce « Dans les Bras des Immortels ». Les nappes de clavier viennent tantôt rappeler Burzum, tantôt Emperor, la production assez crue n’est pas sans rappeler les plus grands albums du début des années 90 et finalement, toute cette brutalité et cette violence ramène à ce que Mayhem savait faire le mieux dans le genre. Le résultat est des plus convaincants et il y a matière à attirer une tempête de neige dans la chambre de l’auditeur vu l’atmosphère générale que dégage la musique de Frozen Shadows.
Ensuite, trois des sept poèmes ont été rédigés en français (nationalité franco-canadienne oblige!) et vont traiter de la froideur des hivers canadiens, de légendes folkloriques et de haine envers cet amour de la lumière considéré comme étant de la faiblesse. Pour ce dernier sujet, si les lecteurs s’attendent à un cliché comme on en voit si souvent, ils devraient prendre note que tout est traité de façon plus subtile sous forme de poèmes rappelant parfois le style de « Les Fleurs du mal » de Charles Baudelaire.
En conclusion, évitons la modestie, Frozen Shadows à su rassembler tout ce qui pouvait se faire de mieux à la vieille époque pour donner un chef-d’œuvre du métal noir Québecois ou tout du moins, donner un premier album réellement crédible à la belle province. À écouter sans modération dans le noir et durant une tempête de neige et si il n’y en a pas, il y a fort à parier que c’est la tempête de neige qui viendra vers vous!