Rédiger une chronique, c’est d’abord et avant tout s’informer. Pour ce qui est de Caer Ibormeith, il faut savoir qu’il s’agit d’une jeune fille irlandaise, qui a décidé de passer une partie de sa vie sous la forme d’un cygne. Mi-femme, mi-cygne ? Et l’animal joue du metal ? Rock’n’Roll !!
Et bien non, pas du tout. Caer Ibormeith est un trio français qui a tiré son nom de la mythologie irlandaise. Ils opèrent dans du pop-métal-alternatif avec un soupçon de rock progressif. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Vous avez peut-être déjà entendu parler de ce groupe à l’époque où il officiait dans du bon gros death métal bien lourd brut de décoffrage. Après une année d’errance dans le métal extrême, le groupe sort sa première démo "Flora" en 2004, marquant une fois pour toute le changement radical de style. Ces débuts ont été assez sèchement critiqués.
Il en faudra plus pour décourager les français puisque les voilà de retour avec ce "Flesh and Blood" qu’ils décrivent eux-mêmes comme du "flower death métal". Du death métal parfumé à la fleur ? Qu’est-ce que c’est ? Des hurlements sur fond d’harmonica et de banjo ? Là encore, vous faites fausse route.
La suite "Deepness – The Ocean Road" définit bien le groupe : des guitares lourdes, des riffs accrocheurs et une voix juste. Loin des rythmes à double pédale, la batterie offre un tempo intéressant sur "Life Goes On", morceau qui pourrait faire figure de single. Il n’est pas trop long, le refrain est accrocheur et plutôt pop’… bref, la recette du succès. Et mon appréciation du morceau se confirme puisqu’un clip de cette chanson a été réalisé (lien en bas de la page).
Les racines death métal avec une voix plus gutturale ont, de temps en temps, elles aussi envie de se montrer. C’est notamment le cas sur "Just Animals" ou même "Neap" où cette voix pleine de rage soutient le chant principal. La fin de l’album lorgne sur le côté mélancolique du groupe : "To The Unknown" débute lentement pour ensuite laisser exploser un solo de guitare qui ramènera les riffs du début. En bref, un crescendo qui, même s’il est prévisible, reste tout à fait plaisant.
La comparaison va sembler vite faite et un peu trompeuse, mais si Anathema était un brin plus pop et français, le groupe pourrait s’appeler Caer Ibormeith. Blasphème !! Non, pas tant que ça. Premièrement, leur histoire est sensiblement la même : d’un chant gothique et guttural, les frères Cavanagh ont changé de bord comme l’ont fait les français de Caer Ibormeith. Deuxièmement, les guitares gardent toute leur puissance sans pour autant donner dans le brutal inécoutable pour Mr. Tout-le-monde. Enfin, le cocktail est plaisant et tranche avec les productions françaises du moment.
Bref, le trio français ne ralliera pas tout le monde à sa cause. Cependant, "Flesh And Blood" est un début plus qu'encourageant et prometteur. En quelques mots comme en cent, Caer Ibormeith réussit un bien joli tour de force. En alliant la pop/rock, le métal alternatif et des arrangements musicaux apportant toute leur mélodie aux différentes chansons, ils s’offrent un album dont le parfum death métal à fleur de peau ne pourra laisser indifférent…