Derrière ce curieux patronyme "*Shels" se cache un collectif regroupant des anciens membres de formations issues de la scène métal-hardcore londonienne. A sa tête Mehdi Safa, chanteur jusqu'en 2003 de Mahumodo et dont les nouveaux partenaires se sont, pour leur part, fait leurs armes du côté de Eden Maine, Fireapple Red et Devil Sold His Soul.
Situé entre les deux EP's "Wingfortheirsmiles" sorti en 2004 et "Laurential's Atoll" en novembre 2007 sous les critiques dithyrambiques de la presse, cet unique LP à l'heure actuelle annonce l'accomplissement majeur de cette famille reconstituée.
La mise en scène de cette nouvelle aventure s'opère grâce à l'alternance de lignes éthérées et organiques d'un post-rock à chant clair et les tumultes ombragés aux éraillements post-hardcore ("The White Umbrella Part 2", "Sea Of The Dying Dhow") laissant respectivement la place à la réflexion contemplative et à une difficile introspection.
C'est que la musique de *Shels est avant tout un voyage initiatique invitant à se recentrer sur soi-même, à se regarder en face pour mieux se connaître. Un voyage dont l'auditeur est à la fois acteur et spectateur de sa propre histoire. Se déroulent des scènes cinématographiques dépaysantes où le personnage se voit se perdre dans d'hypothétiques vastes contrées. L'isolement pour sans doute mieux se retrouver. D'autant que "Sea Of The Dying dhow" est impressionnant de profondeur, au sens où les instruments semblent éloignés les uns des autres, où les notes de quelques pianos ou guitares en retrait paraissent parfois nous parvenir que par un lointain écho, et viennent par la même rajouter à cette impression de solitude face à l'étendue saisissante de la musique. Mais lorsque la tension s'intensifie par le flux et reflux des guitares impérieuses, c'est en une oppressante tourmente que se mue soudainement la sensation de quiétude autrefois ressentie. En moins d'une heure, les passages lents et énervés, étrangement balafrés de "Water" aux relents post-grunge et peu cohérent quant à la cohésion de l'album, donnent un spectacle imposant, inspiré, mettant en avant la force créatrice de ce nouveau combo.
C'est donc une œuvre remarquable que nous propose *Shels, éprouvante parce que thérapeutique mais au combien esthétique et ambitieuse. L'écoute de "Sea Of The Dying dhow" fait figure de véritable odyssée, et représente une formidable découverte préfigurant un avenir pour *Shels aussi lumineux que sa musique.