Depuis quelques années Queensryche, qui a connu un succès considérable à la fin des années 80 et au début des années 90, est à la recherche d’un second souffle. En effet depuis "Promised Land" sorti en 1994, le groupe de heavy metal américain peine à se renouveler et a sorti quelques albums plus en deçà de la qualité à laquelle il nous avait habitué – on pensera à "Q2K" (2000) ou à "Tribe" (2003). La dernière sortie du groupe tentait à confirmer ce manque d’inspiration avec la suite de son plus grand succès, "Operation Mindcrime" (1988). Et si le disque était plutôt réussi, il n’arrivait pas à égaler son illustre prédécesseur. De ce fait, il n’a remporté qu’un succès d’estime, le public boudant le disque (qui d’ailleurs n’a même pas été distribué chez nous et dans plusieurs autres pays).
Depuis ce petit échec, Queensryche apparaît encore plus comme un groupe du passé qui n’arrive plus à se projeter dans l’avenir, le départ de Chris DeGarmo en 1998 semblant avoir grippé la machine à tubes. Même les allers et retours de ce dernier dans le groupe depuis cette époque n’ont jamais pu réussir à relancer la formation.
Pour souffler entre deux sorties, le groupe propose cette année un nouvel album, "Take Cover", qui comme son nom l’indique est un disque de reprises, exercice très prisé des groupes depuis plusieurs années déjà. Mais Queensryche, plutôt que de proposer un disque purement fait de reprises proches de son genre musical, a choisi de varier les plaisirs, en piochant onze titres dans tout les styles musicaux ou presque. En effet l’éventail va de U2 à Black Sabbath en passant par Queen, Peter Gabriel ou Police.
On peut donc déjà saluer cette prise de risques même si l’exigence sera forte par rapport à la qualité des titres présentés, le groupe ne pouvant guère se permettre de dénaturer des titres bien éloignés de son style musical. Et c’est bien la que le bât blesse. Queensryche a vu grand et ambitieux mais sans doute a-t il vu trop grand car ce Take Cover présente quelques réussites mais surtout de très gros ratés. Car si le groupe a bien réussi à s’approprier certains titres comme "Welcome to the machine" (Pink Floyd) bien rendu dans le style de l’originale surtout au niveau des guitares (même si la magie du morceau est un peu absente) ou encore le "Neon Nights" de Black Sabbath qui n’apparaît pas comme un copié collé et avec un Tate qui ne cherche pas fort heureusement à faire du Dio au chant, malheureusement pour le groupe - et l’auditeur – Queensryche se plante de la plus belle manière sur les titres restants avec, en point d’orgue, un "Innuendo" de Queen complètement raté du début à la fin. Toute la finesse de l’original est absente, de la voix de Tate hors de propos (qui tente de singer Freddy Mercury sans en avoir la classe) à la musique balourde (le solo flamenco, joué par Steve Howe à la base, étant par exemple massacré). On notera aussi le "Red Rain" de Peter Gabriel qui subit un traitement indigne de l’originale. Enfin on évitera de trop s’attarder sur des titres très éloignés de l’univers du groupe, tels "Heaven on their minds" ou "Odissea" tant le résultat est peu concluant.
Au final, s'il faut saluer le courage de Queensryche de s’attaquer à de tels titres, on ne peut que constater l’échec quasi complet de l’entreprise. Ce ne sont malheureusement pas deux ou trois titres qui pourront sauver l’ensemble. Il est donc assez triste de constater une telle chute pour ce qui fut un des leaders du heavy metal à tendance progressive dans les années 80... Ce n’est certainement pas ce "Take Cover" qui va permettre au groupe de se relever.