Tiens, encore un album de Jazz Rock Nippon! Décidemment, cet état insulaire est riche de musiciens fricotant avec la note bleue. Rappelons-nous -avec plaisir!- de la galette de Kunita, il y a quelques temps déjà...
"Alive II" est donc la dernière livraison de nos instrumentistes japonais, en forme de suite logique à "Alive" premier du nom.
Side Steps continue son bonhomme de chemin en pratiquant de manière rigoureuse et (trop) sérieuse une Fusion toute classique et un peu datée tout de même. Certains passages et morceaux rappellent furieusement le Uzeb du tout début des eighties, ce qui, a priori, n'aurait pas été pour déplaire... dans les années 80.
Seulement voilà, vingt ans après, il faut avouer que l'ensemble sonne un peu vieillot. Non pas que le son soit en deçà de nos attentes, mais on a l'impression que le groupe a bloqué le compteur deux décennies en arrière sans se préoccuper le moins du monde de l'évolution du genre. C'est assez gênant surtout en regard des récentes livraisons "Fusionnesques" des derniers mois (Kunita, Oz Noy et consorts).
Alors oui ça joue vite et bien, ça virevolte, ça éjecte prestemment de la note en veux-tu en voilà, mais jamais ne jaillit l'etincelle qui fera qu'on posera le disque pour s'en resaisir fébrilement à la première occasion afin de se repaître une fois encore de ses mélopées. Bref, on s'ennuie ferme.
Side Steps succombe à l'épée de Damoclès qui pèse sur tous les groupes et musiciens à vocation instrumentale: le combo joue pour lui et ne pense qu'à se faire plaisir en évacuant l'idée d'un auditeur qui, pour le coup, est tiraillé entre une bienveillante indifférence et des baîllements irrépressibles. Bien sûr les soli et impros diverses sont exécutés avec beaucoup maîtrise, les mélodies sont travaillées et intéressantes. Bien sûr la section rythmique est impressionnante dans ses mises en place et les sons un poil surannés des guitares et claviers nous rappellent un peu des friandises à la Return To Forever... mais où est passée la magie, la folie dont les grands groupes de fusion sont capables? Ailleurs -et loin surtout- de toute évidence. Ici, tout est discipline ordre et rigueur, rien ne dépasse, on joue le doigt sur la couture du pantalon. Et l'auditeur d'attendre désespérement un dérapage (contrôlé ou pas, d'ailleurs) qui n'arrive jamais... La première écoute de cet album sera probablement aussi la dernière, la rigidité quasi militaire de l'ensemble ne poussera certainement pas à remettre le couvert.
Un album qui sera donc poliment qualifié de compétent et -au secours!- de sérieux, à défaut d'être passionnant ou inoubliable. Si vous cherchez de la fantaisie et de la folie débridée (il fallait bien que je la fasse celle-là!), continuez votre quête, "Alive II" n'est pas ce qui vous fera bondir d'enthousiasme.