Un coup d’œil sur la pochette et vous aurez une idée assez nette du style du groupe ; les titres des plages musicales ne sont pas équivoques non plus. Bienvenue dans le monde des dieux guerriers, des forêts (enc)hantées, des chevaliers de l’ombre, des gobelins, des licornes et des dragons qui volent. Mais d’où nous viennent-ils ces preux chevaliers ? Non, pas des forêts sombres et froides des vikings de Fintroll, mais bien de l’Italie du métal fantasy de Rhapsody (of Fire) ou encore du métal folk de leurs amis d’Elvenking. Formé en 1999, c’est le premier album de ce groupe, après une démo parue en 2004 dont trois titres sont repris ici.
La musique proposée est bien en phase avec l’artwork du cd, et inspirée par les groupes précités. Et si l’originalité n’est pas absente, elle provient plus de la recette concoctée et de son expression que des ingrédients utilisés. Les ingrédients? Tout ceux du power métal et du speed mélodique, agréméntés d'éléments symphoniques, de rythmes et sonorités folk, et de bruitages de circonstances. La recette est prête, dégustons.
C'est « In the Name of Odin » qui sonne le premier le cor et donne immédiatement le ton. Corne de brume, pas dans la neige en intro, sections power, sections plus folk, mais le tout est bien agencé et cela fonctionne. Le liant, c’est la voix de Spagnuolo qui rappelle étonnamment Daniel Heiman de Heed et ex-Lost Horizon. « Lost in the forest », très power métal, rappelle même un peu Freedom Call. Les vocalises sont impeccables et Damnogaras de Elvenking s’y intègre judicieusement (il est encore présent sur deux autres morceaux). « Losing Reality » est dans la même veine et assez réussi.
« Glory to the Gem » est probablement le morceau le plus ambitieux du disque. Très belle intro à la guitare acoustique, claviers aériens, voix angélique et puis cela démarre, guitare en avant sur sonorités de cors. La suite du morceau est plus conventionnelle, mais soutenue par la belle voix de Spagnuolo, pas trop linéaire. La fin revient sur la très belle mélodie de l’intro, pas mal du tout.
Ensuite, place au morceau le plus déjanté du disque ; le plus influencé par le folk aussi. Sonorités de flûtes, rythme et chœurs polka ; les paroles évoquent ces petits monstres fabuleux que sont les gobelins. Les percussions à tendance tribales sont très réussies et le métal est accouché avec l’emphase d’un bon Manowar. Les passages folk (violons) et les soli de guitare bien juteux sont ensuite alternés avec beaucoup de bonheur. À mon sens le meilleur morceau de l’album, le plus personnel en tout cas, même si je dois avouer qu’il m’a fallu quelques écoutes pour y accrocher. Mais maintenant c’est sûr, j’y crois, « Goblins are all aroooouuuunnnnddd » .
Ce n’est pas fini, la suite est à la hauteur. Un très bon et bien power « Legend of the Ice Wolf » parsemé de notes symphoniques. À nouveau, la voix et les chœurs y font merveille et la rythmique est en … métal. Au niveau d’un très bon Rhapsody of Fire, mais avec sa personnalité propre. « Sign of the Unicorns », avec des passages typés « speed mélodique » et de solides parties de guitare, maintient l’intérêt. « Resurrection », très court, accélère encore un peu le rythme tout en donnant un nouvel aperçu des capacités vocales du chanteur. « Knights of Darkness », confirmant l’approche symphonique, clôt l’album avec ambition, mais accroche peut-être un peu moins au niveau de la mélodie.
Un des gros atout de Spellblast est son chanteur, Jonathan Spagnuolo, dont la ressemblance avec Heiman est frappante. Et comme ce dernier est, à mon avis, un des meilleurs vocalistes de la scène métal, vous m’aurez compris ! Spellblast digère également avec talent ses influences, auxquelles j’ajouterais Blind Guardian et Falconer pour la variété et l’esprit épique. Une autre grande qualité, la prestation du batteur, qui ne se contente pas de suivre la mélodie, mais guide souvent le morceau. La production a aussi l’avantage d’être claire et de laisser les instruments s’exprimer pour proposer une musique relativement complexe mais jamais compliquée.
Tout n’est cependant pas parfait. Les influences folk dont ils ne semblent connaître qu’un seul rythme, sont un peu lassantes à la longue. Mais nous retiendrons surtout de ce premier album leur enthousiasme et leur envie de bien faire ainsi que le bon moment passé à écouter ces légendes fantastiques. Très bon album donc, certainement une révélation, mais le prochain devra affirmer cette personnalité issues de toutes ces bonnes sources d'inspiration.