Après une longue période où le quintette suisse avait plus ou moins abandonné le hard-rock de ses débuts pour œuvrer dans un style Aor très BonJovien, "Human Zoo" avait laissé entrevoir quelques espoirs de retour aux sources. Autant dire qu’avec leur passage chez Nuclear Blast et le remplacement de Mandy Meyer par Freddy Scherer, Gotthard annonçait clairement la couleur et se mettait lui-même une pression inhérente à l’attente ainsi créée auprès des amateurs de la première heure.
Le résultat est à la hauteur et prouve ainsi que Lee, Leoni & Co. sont de la catégorie des grands groupes, capables de résister à la pression et de répondre présents lorsqu’ils sont attendus au coin d’un album charnière. Dès les premiers titres, les riffs de guitare directs et efficaces sont de retour et les influences d’AC/DC refont surface comme sur les enchaînements break – solo de 'All We Are' ou 'The Other Side Of Me'. Il s’agit bien d’influences et il va sans dire que Gotthard a sa propre identité. En effet, autant leurs derniers albums leur avaient valu le surnom mérité de Bon Jovi suisse, autant les influences sont ici bien digérées. Alors bien sûr, le gang du New Jersey reste bien présent, mais c’est essentiellement dû à cette capacité commune de composer des hits aux refrains immédiatement mémorisables ('Lift U Up') ou des ballades où l’émotion ne sombre pas dans le sirupeux ('Everything I Want' et ses chœurs à la Def Leppard sur le refrain, ou 'I’ve Seen An Angel Cry'). C’est d’ailleurs dans ce dernier domaine que Steve Lee montre l’étendue de ses capacités vocales. Que cela soit sur le semi-acoustique 'Nothing Left At All' ou sur l’acoustique 'And Then Goodbye', il parvient à transmettre toute l’émotion nécessaire à travers un grain à la fois chaud et éraillé.
Cependant, si le chant est autant mis en valeur, c’est également parce qu’il est entouré par une équipe de musiciens sans faille. Tout est carré sans être uniforme et si l’on reste dans un registre de Hard FM musclé et mélodique, le ton peut aussi bien être heavy ('I Wonder') que plus enlevé comme sur les singles 'Lift U Up' ou 'Anytime Anywhere'. Leo Leoni nous offre lui aussi une prestation toute en variété et peut aussi bien nous dégainer un riff tranchant et efficace ('Dream On'), qu’un solo tout en distorsion ('I’m Alive') ou un jeu en acoustique tout en émotion discrète. Il est également à noter la performance de Nicolo Fragile aux claviers. Si ce dernier n’apparaît pas comme membre à part entière du groupe, il n’offre pourtant pas une prestation au rabais. A l’image d’un David Bryan (encore Bon Jovi ?), il donne une profondeur et une épaisseur à chaque titre en variant ses interventions, toujours à bon escient.
Gotthard réussit donc le tour de force de revenir à un hard rock plus musclé, sans pour autant renoncer à ce sens de la mélodie qui fait son succès commercial. Fort de ce nouvel équilibre, il y a fort à parier que nos amis suisses sont partis pour s’installer durablement au sein du paysage du hard mélodique dont ils pourraient très rapidement devenir des références incontournables.