Devil Doll est un groupe extrêmement particulier dans la galaxie des groupes de rock progressif. Ce groupe a été fondé en 1987 par un personnage inquiétant se faisant appeler Mr. Doctor et vivant à Ljubljana, capitale de la Slovénie. Mr. Doctor recrute ensuite plusieurs de ses musiciens à Venise, ville aux symboliques multiples.
En 1988 sort une démo de "The Girl Who Was… Death", premier opus du groupe, et l'album proprement dit sort l'année suivante.
Premier détail qui pose directement l'ambiance : l'album contient une unique piste dont la durée totale est de… 66 minutes et 6 secondes, rappelant le nombre de la bête maintes fois utilisé dans nos films d'horreur favoris. Attention cependant, la durée réelle de l'album est d'à peine plus de 38 minutes, le reste n'étant que silence hormis une conclusion de moins de 3 minutes.
Il suffit ensuite d'appuyer sur la touche "Play" de sa platine pour comprendre rapidement le créneau de Devil Doll : toutes les musiques des films d'horreur que vous avez pu entendre auparavant passeraient presque pour des berceuses à côté de cet album, tellement l'atmosphère est oppressante. A l'écoute de cette musique, vous ne pouvez que vous dire que, lorsqu'il était enfant, Mr. Doctor devait réellement avoir des monstres dans son placard et, si vous êtes de ceux qui aiment se faire peur, je vous conseille de vous isoler dans une maison de campagne par grand vent ou temps d'orage et écouter cet album seul dans le noir. L'effet devrait être garanti.
Tout cela est bien sympathique, certes, mais à la première écoute, on est tenté de se demander si le seul but de Mr. Doctor n'est pas justement de se placer sur ce créneau, au détriment de la qualité musicale. Eh bien, musicalement parlant aussi, cet album est une réelle réussite. Tout d'abord du fait de la variété des instruments utilisés, mêlant musique symphonique, chœurs et sons rocks, sans oublier le travail extraordinaire sur la voix, dans l'esprit de l'album, c'est-à-dire complètement tourmentée. Les mélodies, quant à elles, sont extrêmement bien trouvées et travaillées, dans la plus pure tradition de la bande originale de Dracula ou de n'importe quel film mettant en scène quelques poltergeist franchement agressifs.
Il s'agit donc ici d'un album à se procurer d'urgence mais en gardant à l'esprit que si vos voisins ou vos amis vous trouvent une attitude parfois bizarre, l'achat de cet album est tout de même peu propice à les rassurer sur votre santé mentale.