Le rockabilly compte encore nombre d’aficionados, et la reformation des Stray Cats en avait apporté la preuve. Lutz Vega, frontman des V8 Wankers fait partie de ces amateurs et, se retrouvant un peu frustré du peu de place accordé à ce style au sein de son combo, il a monté son projet avec quelques amis pour œuvrer dans ce style si délicieusement rétro.
Si la prise de son est assez sèche, la prestation reste quant à elle assez classique. Tout le monde semble être dans son élément et ce n’est pas moins de 18 morceaux qui nous sont offerts. Cependant, si les premier titre éponyme et ses deux ou trois suivants donnent une envie irrésistible de claquer des doigts et de taper du pied, il y a rapidement une sensation désagréable qui vient s’insinuer. Mais de quoi peut-il s’agir ? Les titres sont sympathiques et entraînants, faute d’être particulièrement originaux, mais ce style si particulier offre t’il une grande marge de manœuvre ? Non, cela ne vient pas de là ! Les musiciens alors ? Non plus car ils offrent une performance sans faille, certes sans originalité elle non plus, mais loin d’être désagréable.
Mais alors d’où vient ce sentiment qui commence à rendre l’écoute de cet album pénible ? Cela ne peut pas être Lutz Vega, à l’origine du projet et qui a amassé une certaine expérience au sein de son combo d’origine ! Et pourtant si : c’est bien de lui que vient le problème. Si sa voix éraillée, nourrie aux différentes boissons alcoolisées et fumées plus ou moins légales fait merveille dans le hard rock graisseux proposé par V8 Wankers, elle ne colle pas au style rockabilly. Alors bien sûr, le frontman réussit à faire illusion sur les premiers titres, et le break acoustico-country offert par 'The Bed Is Much Too Small' permet de prolonger une première partie plutôt agréable. Malheureusement, le côté répétitif des titres qui suivent et la voix du Lutz qui retrouve de plus en plus son caractère d’origine font que la suite de l’écoute devient de plus en plus difficile pour finir par flirter avec le calvaire. A tel point que malgré des absences d’attention de plus en plus fréquentes, il n’est pas rare de ne pas se rendre compte immédiatement qu’un ou plusieurs morceaux sont passés durant nos minutes de divagation.
Voilà donc une initiative qui aurait pu être une vrai réussite si elle s’était concentrée sur un nombre de titres moins important. Une dizaine seulement aurait probablement permis d’éviter une certaine lassitude et Lutz aurait à coup sûr réussi à garder le bon feeling qu’il offre sur les premiers morceaux de ce "Can You Say Kool ?". Vraiment dommage car l’idée était bonne et les qualités étaient présentes...