Imaginez un concert en plein air avec 174 999 fans autour de vous... Vous êtes en Allemagne, devant le mur de Berlin, nous sommes le 30 août 1980, le groupe sur scène s’appelle BARCLAY JAMES HARVEST, ils sont britanniques, ils vendent des millions d’album et d’un papillon ils ont fait leur emblème…
Sur scène, Les Holroyd, John Lees et Mel Pritchard, les fondateurs du groupe, n’en reviennent certainement pas encore. Les années d’anonymat semblent bien loin. 1966, celle de la naissance du groupe, 1967, celle du professionnalisme, 1968, celle du premier single Early Morning,1970, celle du premier album éponyme…Ce n’est en effet qu’autour de l’année où s’installa la canicule dans le pays de France et où vint au monde leur très bel album Octoberon, que ces précurseurs du Prog anglais commencent à voir le bout du tunnel…une décennie après leur éclosion…‘‘patience et longueur de temps…’’
Le Concert for the People dont nous parlions à l’instant fût leur couronnement, l’album studio qui suivit l’année d’après fit un véritable carton en France, c’était Turn of the Tide, leur premier enregistrement en son digital…Nous y voici. Effeuillons ensemble cette marguerite à dix pétales si vous le voulez-bien.
Tout commence par l’hypnotique Waiting On The Bordeline qui peut être ressenti comme tel à l’écoute des claviers de Kevin McAlea et leur rythme répétitif envoutant. Ce titre évoque les tumultes d’une séparation amoureuse, la peine ressentie est véritablement palpable… «Going down with a troubled mind, you leave me waiting on the border line… ».
La suite nous réserve le magnifique How Do You Feel Now écrit par John Lees à la naissance de sa fille. Le piano supporte ici toute la charpente mélodique, elle est d’une désarmante simplicité mais d’une beauté cristalline à pleurer, l’intervention poignante d’un saxo achevant les plus endurcis… « How do you feel now, we've got a reason to go on, newly born… ».
Vient ensuite le mélodieux Back To The Wall qui semble avoir été inspiré par le concert précité prés du fameux "mur de la honte" depuis disparu…« Stranger at the gate let him in, won't you let him in…back to the wall, have you seen the light… ».
Le plus rythmé Highway For Fools surprend ensuite après ces premières vagues de douceur, John Lees évoque le Business musical et son "dirigisme" et il n’a pas particulièrement l’air de l’apprécier… « I know what I like, and it ain't looking at you, if I have to believe, I believe in myself and nobody else… ».
L’atmosphérique et magnifique Echoes And Shadows vient maintenant nous nouer les entrailles. Une histoire d’amour nous est ici contée dans un élan mystique… « Echoes and shadows, drift through tomorrow's, dreams that you follow In the dark… ».
Survient alors le surprenant Death Of The City avec un couplet rythmé qui côtoie un refrain atmosphérique. BJH évoque ici le fameux Jour d’après. Certains passages pourraient évoquer l’atmosphère du récent Je suis une légende (avec Will Smith). Autre élément étonnant, la genèse de cette chanson date de 1968… « Time is like dust and the dust is like snow, as it covers the ruins of the life that you know… ».
Curieusement, à sa suite, BJH nous propose un titre avec une construction inversée, soit, un couplet atmosphérique et un refrain rythmé, c'est I'm Like A Train . Le premier est d’une douceur infinie (quel bonheur que cette mélodie…), le second est assez catchy et peut surprendre… Le thème est une histoire d’amour naissante… « What a life, I was living before, hard to see, f you can't find a door… ».
Les britanniques nous proposent ensuite Doctor, Doctor, (rien à voir avec celui d’UFO qui est de sept ans son ainé). L’amour est encore au programme, ses vertus plus particulièrement. La basse est omniprésente sur ce morceau… « Doctor Doctor help me through the day, give me something natural I can depend on… ».
Le coup de grâce nous est asséné avec le morceau suivant Life Is For Living . Ce morceau très mélodieux, très commercial aussi, a été entendu pour la première fois lors du concert précité. Ecrit spécialement pour l’occasion, il grimpa à la troisième place des charts suisses et allemands… «You to me, are like the sun in the sky, see how you fly you have wings of your own… »
L’album s’achève avec le long In Memory Of The Martyrs qui, lui aussi, fût entendu pour la première fois en live à Berlin. Il est dédié aux malheureuses victimes du mur. La guitare sèche est prépondérante sur ce titre lent et touchant… "In memory of the martyrs, she'll cover when they die, we are love, we are, we are love… ».
Voilà un un très bel album de Barclay James Harvest, caractéristique du son que dispensait le groupe dans les années 80. A consommer sans modération...