Alienigma est le tout nouvel album des américains de Agent Steel. Le groupe, originaire de Los Angeles, s’est fondé au début des années 80 mais n’a pas sorti beaucoup de disques studio : ce nouvel album n’est en effet que le cinquième de la carrière du groupe qui, il faut le rappeler, avait splitté en 1987 pour ne revenir qu’en 1999 avec comme seuls membres restant les deux guitaristes, Juan Garcia et Bernie Versailles.
Depuis son retour, le groupe se montre quand même assez discret, mettant quatre ans entre chaque sortie. Il faut dire que ses deux leaders sont impliqués dans d’autres projets, Redemption ou Killing machine par exemple, et Agent Steel, en signant chaque sortie sur des labels très confidentiels, a du mal à faire parler de lui au-delà de la sphère des initiés.
L’album du retour, The Omega Conspiracy proposait toujours un thrash metal typiquement américain dans l’esprit de la Bay Area des années 80 (Exodus, Death Angel ou Testament). Mais avec ce nouvel opus, le groupe évolue vers un aspect plus power métal et dans un esprit plus moderne. Et malgré le manque de publicité, la musique proposée ici par Agent Steel reste de très bonne qualité avec un chanteur, Bruce Hall qui maîtrise parfaitement son chant, tutoyant parfois le death métal. La production assurée par Bill Metoyer (Six feet under, WASP) s'avère, de plus, très puissante et moderne. Du point de vue du concept, Alienigma traite encore une fois du sujet de prédilection du groupe, à savoir les extraterrestres et tout ce qui a trait en général aux complots et autres conspirations planétaires.
Cet album présente donc 11 titres pour un ensemble très compact qui ne laisse guère le temps de souffler. Le tout démarre très fort, avec un trio de morceaux tous plus imparables les uns que les autres : de "Fashioned to Dust" qui ouvre sur un tempo très élevé, en passant par le superbe "Wash the Planet Clean" aux soli énormes et un sens de la mélodie jamais oublié, à "Hail to the Chief" qui dans la même veine explose tout sur son passage sur près de sept minutes.
Après ce premier tiers d’album tonitruant, le groupe a la bonne idée de calmer un peu le jeu avec "Liberty Lying Bleeding", qui montre une facette plus mélodique et un peu plus sombre de la musique de Agent Steel, avec un chant plus posé sur les couplets, mais en gardant des solo ultra heavy et un refrain tout en puissance. On sent en tout cas le groupe très à l’aise sur ce genre de morceau.
Par la suite, l’album revient dans une sphère power thrash peut-être un peu moins forte qu’en début de disque, mais toujours très rentre-dedans et sans jamais mettre de côté les mélodies. Les soli de "Hybridized" par exemple sont exécutés dans un pur esprit old school années 80 tandis que l'on revient dans un pur esprit thrash très direct sur "Extinct", titre très court mais allant à l’essentiel sans fioritures. Avec "Wormwood", on trouve un morceau encore une fois de bonne facture avec notamment un break de basse qui transcende le titre dans sa partie finale pour donner un aspect assez sombre.
La fin de l’album est un peu plus poussive avec notamment un "WPD" peu entraînant et mélodique, malgré des bonnes idées de riff, et "Tiamat’s Fall", sans doute le moins bon titre de l’album au chant assez stressant et sans trop d’idées, donnant l’impression de tourner en rond pendant toute sa durée. Heureusement le dernier morceau, "Lamb to the Slaughter" relève un peu le niveau, avec un chant déjà plus maîtrisé et une base musicale qui a retrouvé le sens mélodique du début.
Agent Steel signe donc là un très bon album de thrash que ses quelques défauts ne sauraient entacher. Les fans du genre ne pourront qu’adhérer à cette nouvelle offrande tout en espérant que le groupe se montre plus rapide à l’avenir pour proposer du nouveau matériel.