Au milieu du foisonnement perpétuel du progressif italien est apparu en 2006 de manière quasi-inaperçue dans nos contrées The 5th Season, qui commettait alors son premier album intitulé Stronger Perfect. Mené par le guitariste Chris Grifoni, le groupe a connu de nombreux bouleversements de personnel avant de se stabiliser en 2004 dans sa formation actuelle : il était alors temps de passer à la concrétisation du concept imaginé par son leader depuis déjà de nombreux mois, centré sur, je traduis, une mythologie mystique et introspective rappelant l'état du monde et le refus de respect, d'amour, de vérité …
Au-delà de cette thématique plus ou moins obscure, The 5th Season nous assène un propos musical qui s'éloigne des traditionnels canons des 70's si chers à nos amis transalpins. Certes l'amateur de prog à l'ancienne retrouvera bien de l'orgue Hammond et de la flûte qui lui rappelleront quelques sonorités de l'époque, mais ces instruments se retrouvent au sein d'une musique furieusement moderne, dans un style mêlant néo-progressif et métal mélodique, sorte d'aboutissement des efforts récents d'un Arena cherchant à muscler encore un peu plus son propos.
En pratique, cela nous offre un album construit à la manière d'un opéra-rock en quatre actes, au cours duquel les titres passent en permanence d'un néo prog classieux et énergique à un métal mélodique pouvant à l'occasion devenir plus que furieux. Illustration en est faite dès le prologue, où après une introduction atmosphérique sur laquelle viennent se poser quelques fioritures de flûte, la mayonnaise monte tout doucement au rythme du batteur, avant de retomber quelque peu lors du premier passage chanté, au cours duquel le bassiste s'en donne à cœur joie. Et puis, surgit un méga riff métallique aussi inattendu que jouissif, avant que le titre ne revienne dans son calme initial.
Et tout au long de l'album, nos italiens vont alterner ces oppositions de style, servis par une qualité mélodique irréprochable et une superposition de nappes sonores tout bonnement bluffante. Le paroxysme est ainsi atteint dans l'acte IV – O Theophagos, dans lequel les cloches tibétaines/japonaises et autres chants gutturaux viennent s'additionner à des claviers dignes du Marillion époque Garden Party, et autres solis furieux de guitare pour scotcher littéralement l'auditeur à son casque. Après ce véritable ouragan sonore, The 5th Season a la bonne idée de terminer son concept en douceur, avec un Epilogue en forme de parenthèse fermante, et ne demandant qu'à se rouvrir au plus vite.
Rarement un groupe aura aussi bien réussi à synthétiser et mixer deux styles (le progressif et le métal) à priori éloignés, mais finalement si proches quand ils sont assemblés de la sorte. Un album indispensable à tout point de vue, à se procurer de toute urgence.