Le premier album de Benedictum sorti en 2006 (Uncreation) avait provoqué une certaine surprise dans le monde testostéroné du Heavy métal. L'une des causes de cet engouement médiatique : Le chant. Physiquement, la plantureuse Véronica Freeman a tout d'une femme : belle, rebelle, charmeuse et effrontée. Vocalement, c'est une autre histoire. Rarement féminité n'a aussi bien rimé avec agressivité.
Découverte par Craig Goldy, guitariste de Dio, la miss n'a rien a envier aux pontifs masculins du heavy métal. Et ce nouvel album ne fait que confirmer la puissance qui émanait déja du précédent opus. Par ailleurs, le style se démarque en tout point de celui de formations féminines comme Nightwish ou Epica pour ne citer que ces deux là. En effet, le chant de Veronica Freeman est rocailleux, nerveux, étonnement masculin, le lyrisme n'étant utilisé qu'avec parcimonie comme pour démontrer sa grande capacité à moduler ses cordes vocales.
C'est là le principal interêt et atout, de ce "Seasons of Tragedy", car côté compositions, le constat est un peu plus amer. Certes les titres rivalisent de puissance et l'énergie déployée par le quintette force le respect, mais à trop vouloir sonner heavy, le résultat s'avère un peu lourd... Les cris de la belle épuisent et les mélodies (quand il y en a) peinent à se renouveler. Du lyrisme, il en faudrait peut-être davantage, surtout dans la première moitié de l'album où seuls deux titres se démarquent du lot : Bare Bones, pour la maîtrise de la six cordes dont fait preuve Pete Wells, et Beast in the Field pour son final déjanté.
Le mérite revient davantage à la seconde moitié de l'album, plus variée et plus construite. La qualité de la production fait de Balls to the Wall une reprise d'Accept convenable, rythmée et ponctuée de fidèles choeurs sur le refrain. La power ballade Steel Rain nous prouve enfin que la chanteuse sait aussi... chanter, et utiliser sa voix pour la magnifier à bon escient. Un exploit réitéré dans le titre éponyme, le plus constructif de l'album, mais également le plus progressif. Onze minutes de bonheur, tel un îlot dans un océan de bruit, gratifient nos oreilles de solis techniques, d'échafaudages rythmiques, de nappes de claviers et de choeurs travaillés. Pour un peu, on y décèlerait quelque influence de Dream Theater. Dommage que cet excellent titre réservé au Japon ne soit pas le reflet de l'ensemble de l'album.
Deux possibilités s'offrent alors à Benedictum : ne rien changer et rester cantonné à un heavy très classique, ou bien mettre de l'eau dans son vin et faire évoluer son style, car me semble-t-il, il serait regrettable que ce groupe ne mette pas en valeur ses nombreuses qualités.