« Stir Up The Fire » est le deuxième album de Doctor Hell, combo originaire de Lyon, formé en 2005 et qui officie dans un registre direct, puissant, graisseux et sans fioriture, doublé d’un certain sens de l’humour.
Comme la plupart de ses confrères Lyonnais (Revenge, Dyslesia,…), le « docteur enfer » s’exprime dans la langue de Shakespeare. Votre serviteur n’étant pas fan du chant en français dans le domaine du hard-rock, voilà un point qui ne peut être que positif à la base. A la base seulement, car malheureusement, si le dénommé Dens officie dans un style grave et éraillé qui n’est pas sans rappeler les maîtres du genre que sont Lemmy Kilmister (Mötörhead) ou Blaine Cartwright (Nashville Pussy), il traîne un lourd accent du terroir qui nuit gravement à la crédibilité du projet.
Dommage car il n’y a pas grand chose à reprocher à cet album. La production est puissante et les compositions sont d’une grande efficacité. Les musiciens, s’ils ne sont pas à classer dans le domaine des pointures du genre, offrent cependant une prestation sans faille, à commencer par Dens, qui en dehors de son accent handicapant, se positionne sur le devant de la production grâce à son organe (je parle de la voix… bien sûr !) puissant. Les guitaristes assurent, que cela soit au niveau des riffs, et des solis, même si ces derniers se font rares (« Pain & Pleasure » ou « Get It Together »). Rien à redire non plus quant à la rythmique carrée, solide et capable d’assurer sur les tempos les plus rapides.
A propos de rapidité, et en dehors de la durée plutôt brève de cet album (27mn32 !), les morceaux les plus dynamiques nous renvoient immédiatement vers le gang de Lemmy (« Can Run Can’t Hide » ou « Forgive Me ») qui reste l’influence principale du groupe. Mais Doctor Hell est tout de même capable de petites pointes d’originalité tel cet orgue Hammond sur le heavy « Pain & Pleasure », ce break légèrement orientalisant sur « Feelin’ Better » ou ces accents popisants sur le très bon hard-rock « Get It Together » ou sur « Human Bomb » et son refrain heavy-punk, voir l’intro étouffée sur « Endless Journey ». Rien de révolutionnaire bien-sûr, mais cela prouve cependant la capacité des 5 « gones » à intégrer des influences extérieures dans un style très typé.
Dommage donc que ce lourd accent ne vienne régulièrement nous empêcher d’apprécier cet album comme il se doit. Nul doute qu’une fois ce défaut gommé, Doctor Hell aura les capacités de s’afficher aux côtés de jeunes groupes ayant déjà fait leur place dans le style tels que les allemands de V8Wankers.