Après 2 albums plus que prometteurs, les stars de Boston décident de profiter des moyens enfin mis à leur disposition par leur label pour frapper un grand coup. Lassés d’être comparés aux Rolling Stones, essentiellement en raison des ressemblances physiques de Steven Tyler avec Mick Jagger, Aerosmith va nous proposer un véritable album culte qui va influencer toute une génération de musiciens.
Si les 9 titres de cet album sont d'un niveau très au-dessus de la moyenne, il recèle cependant deux pépites qui ont traversé les années sans perdre une once de leur éclat. Ainsi, avec "Walk This Way", Aerosmith a tout bonnement posé les bases du Funk Metal bien avant que les Red Hot Chili Peppers ou Faith No More ne viennent donner ses lettres de noblesse à ce genre jusqu’alors méconnu. La reprise de ce titre une dizaine d’année plus tard par les rappeurs de Run DMC sera un nouveau carton, non sans que la présence de ses géniteurs n’apporte sa pierre à l’édifice.
L’autre diamant brut de "Toys In The Attic" est le monumental "Sweet Emotion" avec son intro à la basse bientôt rejointe par une talk box alors encore à ses balbutiements. Les guitares s’engouffrent ensuite sur cette autoroute pour nous offrir un riff légendaire et un chorus en béton armé. Et voilà comment un groupe propose un chef d’œuvre incontournable.
Cependant, ces 2 joyaux ne doivent pas faire oublier le reste de l’album qui démarre sur les chapeaux de roue avec le titre éponyme sur lequel Joe Perry nous offre une démonstration de riffs acérés qu’il continuera jusqu’à "You See Me Crying", la ballade concluant ce voyage sur les sommets du hard-rock. Cette recette à base d’orchestrations grandiloquentes fera le succès du groupe à de multiples reprises par la suite. Impossible également de passer sous silence le swing-blues délirant de "Big Ten Inch Record" au texte ambigu mélangeant les référence à un disque 25 cm et un organe masculin du même calibre. "Uncle Salty" et sa structure à tiroirs, les très rock’n’roll "Adam’s Apple" et "No More No More" et le lourd et puissant "Round And Round" viennent compléter cette collection de fabuleux jouets dans le grenier directement tombés de la hotte du père Rock’n’Noël.
Et voici comment Aerosmith a réussi à nous offrir un grand classique du rock au sens large du terme, après seulement 3 albums. Pour notre plus grand bonheur, ils n’en resteront pas là et continueront à nous gâter par la suite, même si les excès apportés par le succès (Tyler et Perry furent d’ailleurs surnommés les Toxic Twins) seront parfois responsables de baisses de régimes qui feront craindre le pire.