C’est en 1985 que sort « The Big Prize », deuxième album d’Honeymoon Suite, combo d’Aor canadien dont le patronyme vient du surnom de leur ville d’origine : Niagara Falls, Ontario. En effet, celle-ci est surnommée la capitale des « lunes de miel » (Honeymoon en anglais) de part le nombre élevé de couples nord-américains venant y fêter leur union. C’est d’ailleurs un autre clin d’œil que le groupe donne à ce surnom avec la pochette représentant un jeune couple se faisant prendre en photo devant les chutes du Niagara, côté canadien. Mais revenons-en à la musique. En effet, après le succès de leur premier album éponyme, Honeymoon Suite entre en studio sous la houlette de la figure montante de l’époque en matière de production : Bruce Fairbairn (Aerosmith, Bon Jovi, AC/DC, etc…). De cette collaboration naîtra un classique du style dont pas moins de 4 singles seront tirés avec un énorme succès à la clé.
Le groupe emmené par ses deux leaders (Johnnie Dee au chant et Derry Grehan à la guitare) officie dans un Aor classique des années 80 où guitares et claviers s'entrelacent sur une rythmique solide et classique. La voix de Johnnie Dee, sans être particulièrement puissante est chaude et gorgée d’émotion, alors que Derry Grehan possède un sens inné de la mélodie et du riff discret mais efficace, non sans distiller quelques solis bien sentis. Le tout est rehaussé par les claviers de Ray Coburn qui tisse une toile harmonique sans faille. Enfin, si le groupe a réussi à se créer son propre style, les influences sont à chercher du côté de Foreigner (« One By One »), Journey ou Heart avec lesquels le groupe partagea la scène lors de ses premières tournées en soutien de ces pointures. Honeymoon Suite ouvrit également pour Jethro Tull dont le légendaire flûtiste Ian Anderson vient poser quelques arpèges sur le titre « All Along You Knew » aux accents folk enlevés et entraînants.
Il est difficile de retirer un titre en particulier de ce condensé d’Aor de grande classe, mais il est également impossible d’ignorer les tubes qui en furent tirés et qui cartonnèrent sur les ondes nord-américaines. Le premier « Bad Attitude » au refrain appuyé et mémorisable, eu les honneurs d’un épisode de « Miami Vice », ce qui était considéré comme un gage de reconnaissance à l’époque. Le second fut plus discret avec un « Feel It Again » aux couplets relativement doux alternant avec un refrain plus appuyé. La power-ballade « What Does It Take » reçut un accueil d’autant plus important qu’elle apparut sur la bande originale du film de John Cusack « One Crazy Summer ». Enfin, nous avons déjà évoqué le quatrième tube que fut « All Along You Knew ».
Le reste de l’album oscille entre de l’Aor dynamique flirtant avec le Hard FM (« Wounded » ou « Once The Feeling ») et la ballade planante « Take My Hand » qui vient conclure cet opus, et ceci sans connaître aucune faiblesse. Alors, bien sûr, si vous êtes un adepte de structures alambiquées ou bien de riffs violents, il vaut mieux que vous passiez votre chemin. Par contre, si les mélodies finement ciselées et les arrangements délicatement travaillés vous touchent, vous vous devez de découvrir cette référence du genre ainsi qu’un groupe à la personnalité bien établie, qui nous servira encore quelques pièces d’Aor de grande classe avant de voir sa carrière doucement décliner.