Après 2 albums (3 avec les versions australiennes) d’un excellent calibre et des tournées intensives (parfois plusieurs concerts dans la même soirée), AC/DC commence à obtenir une certaine reconnaissance. Tout va basculer avec cet album, véritable concentré de hard-rock puissant et énergique. Alors que les maîtres du genre de la première heure (Led Zeppelin, Deep Purple…) sont en sérieuses difficultés face à la montée du mouvement punk, la Young Co. déboule pour mettre tout le monde d’accord et s’imposer au Panthéon de la musique électrique à haute tension.
La production prend une dimension supérieure et le son devient d’une puissance titanesque, en particulier du côté d’un Angus perpétuellement à la frontière de la distorsion et qui nous sert un véritable raz-de-marée de solis où le 220 volt semble parcourir ses doigts. La rythmique, véritable fondation en béton armé, est d’une puissance redoutable et hargneuse. Il est à noter qu’il s’agit d’ailleurs du dernier album avec Mark Evans, lequel ne supportera pas la pression inhérente au succès qui suivra ce disque. Quant à Bon Scott, il se positionne comme le prêcheur de la bonne parole métallique et sa voix éraillée, chaude et puissance vient nous envoûter entre chacune des déflagrations dégainées par Angus.
Et les morceaux me direz-vous ? 8 bombes à fragmentations qui emportent tout sur leur passage, avec 2 monuments qui sortent tout de même du lot. Le titre éponyme tout d’abord où pendant un peu plus de 6 minutes, le pasteur Scott et sa chorale nous livre l’histoire du rock’n’roll revue et corrigée à la mode australienne. Alors que la bonne parole des couplets est délivrée sur le seul soutien du couple basse – batterie à un rythme euphorisant, les refrains débouchent sur des solis cinglants déboulant à la vitesse d’un dragster pied au planché. L’autre titre incontournable est le graveleux « Whole Lotta Rosie » inspiré par une plantureuse groupie tasmanienne et qui fait monter la tension à son paroxysme à grand coups d’alternance entre riffs claquants et brefs silences pour mieux nous surprendre par de véritables explosions. A noter également ce passage avant le solo où Angus Young et la rythmique se livrent à un duel digne des plus grands duels du Far-West.
Les autres titres méritent également leur place sur l’Olympe du Hard-Rock. « Go Down » ouvre les hostilités avec son tempo sautillant tel un gros kangourou sous amphétamines, non sans nous mettre immédiatement dans le bain avec une rythmique particulièrement hargneuse. « Dog Eat Dog » continue de nettoyer le terrain avec son tempo de batterie tournant tel un V8 avant l’explosion de « Let There Be Rock ». Le vicieux « Bad Boy Boogie » prend la suite avec son riff légèrement syncopé et les ricanements sous-jacents d’un Bon Scott à la frontière de la provocation, suivi par son petit frère « Problem Child », déjà présent sur « Dirty Deeds Done Dirt Cheap » et qui remplace l’excellent « Crabsody In Blues » présent sur l’édition originale australienne. « Overdose » commence sur une série d’arpèges avant de nous faire tachycardiser avec un boogie frénétique. Enfin « Hell Ain’t A Bad Place To Be » explose dès les premières notes pour ensuite continuer sur un riff particulièrement cinglant, avant que notre chère “Rosie” vienne conclure ce voyage au cœur de ce monument du Hard-Rock.
Un tel chef d’œuvre ne passera heureusement pas inaperçu et donnera à AC/DC ses lettres de noblesse en mettant le marché britannique et européen à ses pieds et en lui ouvrant les portes du marché US. La machine était lancée et plus rien de pourra l’arrêter.