Qui n’a encore jamais entendu parler ou peut prétendre ne pas connaître une formation issue de la Suède ? Bien peu de monde, faut-il avouer. Car en matière artistique, tout genre confondu, ce pays nordique a largement les moyens de se prétendre comme une référence depuis plusieurs décennies. Et comme par hasard, Fatal Smile est un groupe suédois dont la création remonte à 1995. Après un premier album intitulé "Beyond Reality" sorti en 2002 sur un label indépendant, le groupe s’est engagé à beaucoup tourner pour forger sa réputation. C’est ainsi que fut distribué en 2006 "Neo Natural Freaks", le second opus de Fatal Smile qui fut relativement bien accueilli par la critique. Deux ans d’attente ont du se révéler indispensables pour venir à bout de la troisième production, répondant au titre pour le moins présomptueux de "World Domination".
2007 fut l'année d'un remaniement de troupe sous l'impulsion du guitariste et fondateur Y, ce qui tendrait à renforcer davantage la soif de reconnaissance à l’échelon planétaire de ce quatuor. D’autant que le groupe fait beaucoup d’efforts pour rendre son style, fortement encré dans un hard rock à tendance festive, encore plus attractif pour lever le plus haut possible l’étendard à son effigie.
Tout d’abord, le paquet a été mis sur la production et le mixage avec la collaboration d'un célèbre magicien du gros son, Michael Wagner en personne. La réputation du bonhomme n’est plus à faire, et pour s’en convaincre définitivement, "S.O.B." ouvre la marche avec un riff bien mafflu et énergique. L’ambiance est lancée avec en prime la voix de Blade, gorgée de testostérone, faisant résonner le vieil adage purement rock‘n’rollesque "Sex and Drugs and Rock’n’Roll". Furieux mais néanmoins mélodique, le premier contact avec "World Domination" échauffe joyeusement et appelle à battre le rythme. L’énergie se fait toujours présente avec "Stranger", dont le refrain catchy et enjôlé s’imprime quasi immédiatement en mémoire.
Voici donc des prémices plutôt encourageant pour Fatal Smile. La dynamique dont ce groupe fait preuve ne se dément pas au fil des morceaux, avec des soli débordant de feeling légèrement emprunts de wha-wha et une section rythmique vaillante parfaitement huilée. L’alternance entre les tempos médiums et les mouvements plus soutenus évite une éventuelle lassitude, prouvant que ces quatre apôtres haut en couleur sont des musiciens habiles et expérimentés. Ils accomplissent leur mission avec beaucoup de conviction et il est bien difficile de les prendre en défaut sur ce terrain.
Alors que la "World Domination" semble irrémédiable pour cette formation, quelques ombres au tableau se dessinent tout de même à l’horizon. Même si d’évidence Fatal Smille accroche à la première écoute, cet opus fourmille de notes et d’accords puisés dans un chaudron hard and heavy dont la genèse remonte au début des années quatre vingt. Bien que ces années furent opulentes en termes de qualité et de quantité, il ne suffit pas d’en tirer la substantifique moelle pour espérer gravir aussi facilement les marches de la notoriété planétaire. Les influences de Fatal Smile sont parfois trop flagrantes, notamment sur "No Tomorrow" où plane un Black Sabbath période "Mob Rules" ou encore avec "Out Of My Head" qui fleure bon Motley Crüe époque "Dr Feelgood". Mais ces groupes phares, voire même incontournables dans la nébuleuse musicale dont il est ici question, restent des pierres angulaires dont l’emprise s’avère presque irrémédiable. Il faut cependant veiller à ne pas trop s’en imprégner, état de fait que Fatal Smile doit conserver à l’esprit.
Dans ce contexte, cette formation n’aura droit qu’à une demie "World Domination", et ce n’est déjà pas si mal. Car l’expérience et la force de persuasion distillées par Fatal Smile restent des éléments moteurs et surtout générateurs de sensations. De ce côté, le combo emporte dignement la partie et laisse espérer des prestations scéniques explosives. Aux dernières nouvelles, ils accompagneront la bande à Blackie Lawless sur le continent nord américain. Voilà de quoi entrevoir de chaudes et bruyantes soirées pour le public U.S.
En attendant de les revoir sur une scène française, ces quatre musiciens méritent quand même de la reconnaissance, car "World Domination" apporte une bonne bouffée d’oxygène avec son atmosphère fêtarde et franche du collier. Si l’esprit Rock’n’Roll n’est pas encore prêt de rendre l’âme, c’est un groupe comme celui-ci qu’il faut remercier.