Les nostalgiques des seventies seront ravis d'apprendre qu'un talentueux groupe de rock leur permettra de faire un bond de trente ans en arrière avec, qui plus est, les moyens techniques d'aujourd'hui.
Tandis que les amateurs de disco n'ont droit qu'à de fades remix de leurs tubes favoris, les rockers ont cette chance de pouvoir écouter du vintage qui sonne contemporain. Vintage, oui, mais pas ringard pour autant, car c'est bien de larsen, d'effets de guitare et de musicos passionnés dont on parle.
Crash Kelly, du nom de son frontman Sean Kelly nous fait donc voyager dans le temps avec un talent et une energie qui force notre respect, reprenant à sa sauce des standards du genre (de Cheap trick à Thin Lizzy) et en créant d'autres par la même occasion. Tâche aisée pour un homme doué que la vie a guidé sur le chemin du rock: L'homme-a-tout-faire est un mélomane accompli, diplômé et reconnu de ses pairs, aussi à l'aise dans l'enseignement de son art que dans la production, la composition, le maniement de la basse ou encore le chant. Entouré de musiciens non moins talentueux, il ne s'attache ici qu'au chant et à la six-corde, mais c'est déjà beaucoup...
Love you electric, c'est en quelque sorte une compilation des meilleurs titres des deux précédents opus ( Penny pills et Electric satisfaction ) agrémentée de bonus, soit un cadeau de seize titres résolument rock. De la quantité donc, mais aussi de la qualité garantie par une production signée gilby clarke (Gn'R) et des compos soignées, brèves (n'excèdant presque jamais les 4 minutes ) qui n'auraient aucun mal a passer sur nos ondes.
Ne soyons tout de même pas trop dithyrambiques : certes cet album a de nombreux atouts, mais il n'est pas non plus exceptionnel. A force de fleurter avec différents styles ( Glam, pop et hard ) il fleurte également parfois avec le tube sans véritablement en atteindre les sommets. La faute à la touche pop qui adoucit peut être certains titres ( Craked and faded, Count on me...) et leur fait perdre leur essence en les banalisant. Les morceaux les plus convaiquants sont d'ailleurs ceux qui donnent aux musiciens l'occasion de laisser exploser leur energie et leurs convictions musicales. Ainsi, la technicité des nombreux soli (le tubesque "hang out where you matter" en tête) le rythme enjoué de "She put the shock", l'utilisation parcimonieuse de la pédale de distortion ou l'intro de "Ride the wire" qui évoque certains titres de Def Leppard, contrastent avec les morceaux mid-tempo qui parraissent manquer d'envergure.
Reste un album judicieux, intelligemment joué qui, s'il s'adresse à un public conquis d'avance, ne manquera pas d'en intéresser plus d'un, et qui nous laisse optimistes quand à l'avenir de ce jeune combo canadien.