FAVEZ a muri. Les trentenaires de Lausanne ont lâché le rock énervé qui les caractérisait depuis 1990 et prennent, avec ce Bigger Mountains Higher Flags, un virage vers une pop très mélodieuse qui reste toutefois teintée de rock musclé.
Exit donc les guitares saturées et les rythmiques échevelées, on casse le jouet, et on passe à autre chose avant de tourner en rond. Les suisses, après avoir pondu trois albums (en trois ans) ayant connu un certain succès, en l’occurrence, From Lausanne, Switerland (2002), Bellefontaine Avenue (2003), et Old and Strong in the Modern Times (2005), se sont certainement dit, fatigués par des tournées de clubs à rallonge, qu’il était temps de voir s’ils étaient capables de se payer une petite remise en question. Courageux, mais risqué.
En effet, leur fans-base, celle qui les suit depuis l’époque où les helvètes s’appelaient FAVEZ DISCIPLES (d'après un personnage du film Le Mans avec Steve McQueen), a dû quelque peu être déroutée à l’écoute de cet opus.
Ce changement de cap a été facilité par l’apport de claviers, et en quantité non négligeable, puisque pas moins de deux nouveaux musiciens pianistes sont venus compléter la formation initiale. Introducing Maude Oswald et Jeff Albelda ! La première à l’orgue Hammond, le second au piano classique et électrique. Le côté ouaté et sensible de bon nombre de titres est en partie dû à leurs interventions judicieuses. Pas de panique, les guitares sont encore bien présentes, mais l’énergie brute qu’elle sous-tend est habilement adoucie par les subtiles notes émanant des claviers du piano et de l’orgue.
Cet intéressant mélange nous apporte sur un plateau d’argent des hits mélodiques énormes comme le Springsteenien The Highways Are Deserted, l’enlevé When We Were Kings qui nous ramène à THE ALARM ce groupe de rock britannique qui a pas mal cartonné au milieu des années 80, l’entrainant Naked and Gasolined, le brillant And We Dance et les puissants She Wakes up Every Night et White Limousine. Des morceaux qui font immanquablement taper du pied et que vous fredonnerez sous la douche dés le lendemain !
Dans un registre plus posé - et c’est ici que l’on peut le plus sentir l’évolution du groupe - on se laissera porter par les mélodies intimes du sensible Here, We're Nothing, du poignant If I didn't come for Forgiveness, titre tout en retenue, du très émouvant We Used to Fight a Lot, ballade autour d’un duo voix/clavier, mais aussi du tour à tour tendu et lourd puis touchant et lumineux The Goodbye Song.
Finalement, seul The Torch Song nous ramène aux sonorités hyper-énergiques sans concession du passé.
Les FAVEZ ont entamé leur révolution artistique tout en conservant leur capacité à produire des mélodies remarquables. Le monde de la Pop voit ainsi débarquer avec fracas ces ex-rockers énervés qui ont réussi à garder leur énergie d’antan pour booster leurs compositions accrocheuses et soyez assurés que c’est une bonne nouvelle.