Et si l’avenir du Southern Blues Rock passait par la France ? Après le superbe album des bordelais de General Store, voici venir les champenois de Natchez. Si ces derniers ne sont pas des nouveaux venus sur le circuit, les frères Aeschbach ayant formé ce combo en 1987, nous voici cependant en présence de leur premier album intégralement chanté en anglais. Et le fait est que l’ensemble sent bon la poussière des états du sud des Etats-Unis.
En premier lieu, la voix du « patron », à savoir Thierry Aeschbach (également surnommé « Babac’h ») est éraillée et chaude comme une lampée de Jack Daniels après une journée passée dans le désert. Proche de celle de Ronnie Van Zant, regretté premier chanteur des légendaires Lynyrd Skynyrd, elle n’est pas non plus sans rappeler celle du père Lemmy Kilmister (Mötörhead) lorsqu’elle monte en puissance. La deuxième marque de fabrique de Natchez est la paire de guitaristes assurée par les 2 frangins et qui propose un son à l’ancienne à grand coup de bons vieux amplis à lampes, pour pouvoir nous servir des solis hyper entraînants et quelques duels dignes des meilleurs westerns. Enfin, il serait malvenu d’ignorer la section rythmique qui assure à la fois des fondations solides à travers le jeu rond et puissant d’André Dufour, et une dynamique quasi irrésistible émanant des fûts de Benjamin Proy.
L’interprétation est donc irréprochable, voir enthousiasmante. Là où le bas blesse, c’est qu’une étude de la liste des 10 titres laisse apparaître pas moins de 6 reprises, ce qui fait tout de même un peu lourd pour permettre de juger de l’identité propre du groupe. Heureusement, les 4 compositions prouvent qu’elles sont à la hauteur des classiques que peuvent être le « Railroad Man » de Blackfoot ou le « I Know A Little » de Lynyrd Skynyrd, mais leur nombre limité laisse malgré tout un goût d’inachevé, d’autant qu’un petit tour sur le site du groupe permet de constater que les précédentes compos en français tiennent sacrément bien la route.
Il n’en reste pas moins que cet album fait passer un excellent moment illuminé par un son que les monuments du genre ne renieraient pas et que l’on imagine plus facilement du côté du Texas, du Tennessee ou de l’Alabama que du côté de la Champagne. Nous allons donc continuer à nous repaître de l’entraînant « Have A Good Time », du puissant « Street Fightin’ Man », de l’ensoleillé « Looking Out The Window » et du très lourd « We’re Gone », non sans apprécier les excellentes versions du « Rockin’ In The Free World » de Neil Young ou du « Hard To Handle » d’Otis Redding qui n’a pas grand chose à envier à la version déjà servie par les Black Crowes. Il ne nous reste plus qu’à attendre une prochaine livraison d’un album plus personnel qui, n’en doutons pas, viendra nous confirmer tout le talent de la bande des frères Aeschbach.