Spaced Out, trio canadien officiant dans un registre pointu de jazz fusion, se fait petit à petit sa place au soleil avec un rythme de production assez soutenu depuis ‘Live in 2000’ en 2005. ‘Live at the Crescendo’ est donc le deuxième enregistrement live du groupe, décliné en versions CD et DVD. Compte tenu du fait que la version audio a été récemment chroniquée sur votre webzine préféré par mon cher acolyte Batric, je ne m’étalerai donc pas sur le contenu musical mais je vous propose plutôt de juger ce qui se voit, plutôt que ce qui s’entend.
Première remarque : le contenu du DVD est un peu plus fourni que celui du CD. En effet, on compte trois titres de plus ainsi que deux titres en bonus. Agrémentés d’une petite galerie de photos, les bonus ne sont cependant pas mirobolants : pas de making of, pas de reportage, pas de commentaires…
Deuxième remarque : les côtés ‘roots’ et rustiques des conditions se remarquent rapidement. Les camions et voitures passent derrière la scène en arrière-plan, on aperçoit les stands commerciaux d’artisans aux alentours et les comptoirs de bar. Par ailleurs, le public semble assez maigre : ce ne sont pas ses applaudissements qui vous assourdiront et les quelques plans du public montrent une foule peu dense et très disciplinée.
Alors, que donne la vision de la totalité du DVD ? Le point essentiel réside dans la qualité de la capture vidéo. Mis à part quelques plans éloignés un peu flous, le tout est très bien filmé. Le live met l’accent sur les gros plans de chacun des musiciens. Cela permet, pour tout instrumentiste amateur qui se respecte (et ils doivent constituer une bonne partie de la fanbase du groupe), de profiter des prouesses techniques de nos trois lascars. Le tout est très équilibré : on pourra facilement apprécier la technicité de jeu à la basse et les longs passages en tapping à deux mains, le feeling du jeu de batterie alternant les influences jazzy et les accents tribaux ainsi que le jeu en demie teinte du guitariste, entre rythmiques saignantes, notes longues dissonantes et solos techniques.
Les effets de lumière servent très efficacement les prises de vue. La production sonore est également très bonne, bien qu’elle ne soit pas en 5.1. Tous les instruments sont très clairement audibles et ça joue... Ca joue très bien ! Bien évidemment le style peut être taxé d’assez redondant et d’hermétique pour les néophytes, mais on retiendra plus particulièrement le tapping à deux mains qui assure une grand partie du spectacle, les duels basse/guitare sur les titres ‘The Lost Train’ et ‘Jamosphère’ qui enflamment le set, le groove et la puissance de ‘Unstable Matter’. Chacun a par ailleurs droit à sa petite partie solo.
Du côté des points négatifs, je signalerais mes impressions suivantes (lesquelles me sont propres et parfaitement subjectives). Il y a un côté un peu froid et clinique dans l’interprétation qui nous est livrée. Malgré le fait qu’ils ne soient que trois, cela donne parfois l’impression que chacun joue dans son coin sans se soucier des autres. Mais comme par magie, la partition est tellement huilée que tout colle comme du papier musique… L’oreillette est de rigueur !!! Il n’y a par ailleurs pas beaucoup de dialogue avec le public.
Pour finir, c’est la pluie qui clôturera le spectacle… Pure coïncidence car ce n’est sûrement pas leur jeu qui aurait pu déclencher le déluge. Quand à moi, je ne saurais que vous conseiller ce Live si vous êtes amateur du genre et souhaitez confortablement décrypter le jeu de ces instrumentistes.