Après le succès de son premier album, Gotthard décide de battre le fer tant qu’il est chaud et retourne s’enfermer aux Fortress Studios, avec Pat Regan et Chris Von Rohr, à peine un an après les avoir quittés. Du coup, la prise de risque est réduite par rapport au premier opus, ce qui n’empêche pas nos 4 suisses de nous offrir un nouveau condensé de hard-rock flirtant avec le hard FM pêchu. Le son plus brut et la place réduite accordée aux claviers sont compensés par la présence de nombreuses bandes sons parlées et autres petits effets.
C’est d’ailleurs par une intro à capella passée d’abord à l’envers puis dans le bon sens que débute le premier titre « Higher », hard rock relativement classique mais bigrement efficace. Et de continuer sur un « Mountain Mama » dans la même veine mais quant à lui, doublé d’interventions à la talk-box du meilleur effet. Voilà donc le décors planté en deux titres. Pas de prises de risque inconsidérées, mais quelques touches d’originalité parfaitement dosées et toujours utilisées à bon escient dans un style dynamique et efficace. Dans cette démarche, nous pourrons citer le solo en différentes tonalités d’un « She Goes Down » au riff particulièrement heavy ou le break basse-batterie AC/DCien d’ « Open Fire » qui débouche sur un solo dont les premières notes sont empruntées à la sonnerie de Big Ben. Tous ces détails viennent nous confirmer que la précisions de l’horlogerie suisse n’est pas une légende, ni la délicatesse de ces chocolats. Et ce sont ces caractéristiques nationales que Gotthard réussit à glisser au milieu de ses riffs dévastateurs. Les sommets (alpins… bien sûr !) sont atteints à l’occasion de la reprise survitaminée du « Come Together » des Beatles. Au lieu de faire un copier-coller de l’original ou de l’excellente reprise réalisée par Aerosmith, les Helvètes nous offrent une intro bluesy où Steve Lee vient nous ensorceler de sa voix chaude et puissante sur quelques accords de guitare sèche, avant que les hostilités ne démarrent pour une adaptation explosive décorée par un sublime solo du maître Leo Leoni. Décidément, dès son deuxième album, Gotthard réussit à nous démontrer qu’il n’est pas là pour faire de la figuration, mais bien pour marquer le paysage hard-rock de son empreinte.
Le reste des titres vient confirmer ces intentions et seule la ballade « I’m On My Way » lève le pied en fin d’album, non sans nous confirmer le talent de Lee, capable de moduler sa voix pour faire passer des émotions différentes et adaptées aux morceaux correspondants. A noter cependant le surprenant « Here Comes The Heat », flirtant avec le speed ou le power-metal, et surtout la reprise du « I'm Your Travellin' Man » de Cobra, titre composé par un certain Mandy Meyer, guitariste de son état et qui viendra étoffer le line-up du groupe quelques albums plus tard ! Le seul petit bémol à cet enthousiasme pourrait être le chant un peu trop haut perché que Lee nous délivre sur le pourtant excellent « Love For Money » à l’intro voyant intervenir les différents instruments chacun leur tour. Malgré tout, le maestro réussit à s’en sortir sans dégât.
"Dial Hard" fonctionnera donc encore mieux que son prédécesseur et sera certifié disque de Platine (50 000 exemplaires) en Suisse et restera n°1 des charts pendant plusieurs semaines. Une belle confirmation pour Gotthard qui tournera en tête d'affiche cette fois-ci en Allemagne, en Suisse, en Belgique et au Japon. Le groupe ouvrira également pour Aerosmith au Rock Am Ring devant 50 000 personnes. Voilà ce que l’on peut appeler partir sur de bonnes bases !