Dix ans se sont déjà écoulés depuis la sortie de leur premier album 'Krähenkönigin', et Nucleus Torn originaire de Suisse revient pour son cinquième opus 'Knell'. Avec un soucis primordial de faire évoluer la musique au-delà des genres jusque là proposés, Nucleus Torn et à sa tête Fredy Schyder, compositeur et producteur, ouvre la voie à un mélange de musique classique, de métal et de rock progressif.
Deuxième volet d'une trilogie initiée sur 'Nihil' en 2006, et qui se terminera avec 'Andromeda Awaiting' dans un avenir proche, 'Knell' est le support de Schyder afin de créer des mondes non encore explorés à ce jour. La thématique de ce concept-album selon les explications de son auteur est "essentiellement celle de la séparation dans des circonstances défavorables, en attendant constamment le dernier jour de sa vie. La fin approche, à la manière d'une trompeuse délivrance".
Sur un ton impérieux, de façon presque récitée comme s'il s'agissait d'un conte raconté, se contentant parfois de suivre le thème musical, Maria D'Alessandro et Patrick Schaad, font succéder leur voix au gré des compositions classiques et des envolées rock. Les deux styles sont généralement utilisés séparément mais pourront se rencontrer sur le long chapitre "III". Côté classique, les cordes sont à l'honneur sur 'Knell', s'affichant par de langoureux violons, d'énigmatiques et trépidantes guitares ou de mélancoliques pianos - unique acteur sur "IV". Chacun y reconnaîtra d'ailleurs l'influence de tel ou tel compositeur classique. Fugace, un certain folklore se manifeste également bien que timidement par Schyder, encore lui, grâce à des flûtes, bouzouki (sorte de luth tout comme l'oud), et autres hammered dulcimer - instrument de musique à cordes frappées d'origine perse. Côté rock, les guitares prennent le relais sur des élans post-rock aux notes rapides, émergeant subitement, cassant le rythme et contrastant avec la relative douceur des instruments classiques.
On ne peut pas dire que le classique et le métal se mêlent sur 'Knell' mais s'utilisent en opposition ; la mélancolie, le romantisme et la complexité des structures de l'un contrastent avec l'impétuosité, la spontanéité et la relative simplicité de l'ossature de l'autre. Les deux se complètent mais ne "racontent" pas la même histoire.
Au final, l'originalité de 'Knell' et la beauté ténébreuse des arrangements classiques feront sans doute la différence dans le cœur des amateurs du genre. Et même si le débit des textes notamment celui de Patrick Schaad peut paraître quelque peu froid, les diverses écoutes nécessaires afin de capturer toute l'essence de 'Knell', font découvrir un univers dépressif voire malsain mais aussi empreint d'une poésie singulière. Reste que les auditeurs adverses à l'un des deux genres musicaux seront sans doute septiques, les autres pourraient par contre faire une belle découverte.