Si le rock progressif est un condensé de tout ce que la musique a de bon à offrir, alors Mr Bungle est le plus prog' de tous les groupes. Fondé par Mike Patton, le chanteur acrobatique du métalleux Faith no More, Mr Bungle est un nouvel avatar de ce musicien et interprète exceptionnel : sa facette délirante et hallucinée.
"California". Un titre sobre et sans fioritures, une pochette blanche comme une bouteille de punch coco, des photos de fleurs comme dans "American Beauty". Nous voici avec le meilleur de l'Amérique, le nectar de la musique du nouveau monde. Mr Bungle, c'est meilleur que tout.
On commence avec "Sweet charity", un (premier) délire aux accents hawaïens et glamour à souhait. Puis "None of them knew they were robots", un morceau au rythme haletant qui raconte la révolution menée par des machines. Tout en décalage et en non-prise au sérieux, ce morceau époustouflant alterne les passages metal, les virgules jazzeuses au sax, et les orgues résolument second degré qui sonnent comme un heureux remake du générique de Scoubidou. "None of them...", c'est du concentré de pur délire maniaque, un morceau fou et oppressant, frénétique et incroyable d'invention.
Et ça continue. "Retrovertigo", beau à pleurer, entre le Fender Rhodes cristallin et la guitare saturée. "Pink Cigarette", morceau suicidaire, faux slow aux accents fifties et vrai morceau de bravoure sonore qui finit pendu au bout d'une corde. "Vanity Fair", l'absence totale d'inhibition dans une toute petite chanson pour rire et péter le dernier fusible qui nous restait.
Mr Bungle, c'est du progressif à l'état pur. C'est l'esprit qui animait Genesis ou Queen, qui brûle dans les veines des cinq membres-compositeurs. "California" ne sonne jamais comme une redite des chef-d'oeuvre seventies. C'est une véritable recherche et un véritable brainstorming des années 2000. Si le millénaire à venir sonne comme Mr Bungle, alors nous allons tous mourir heureux.