La tournée "Virtual XI" s’est achevée en Argentine dans une ambiance très lourde. Malgré des efforts incontestables, Blaze Bayley ne convainc pas réellement et sur scène il alterne le bon et le moins bon. De son côté, Bruce Dickinson ne fait beaucoup mieux. Ses albums solos, pourtant excellents, ne se vendent pas et le chanteur se voit cantonné à des petites salles voire à des premières parties, celle de Lynyrd Skynyrd par exemple. Manager historique du groupe, Rod Smalwood décide alors d'organiser une réunion, annoncée en février 1999, soit deux mois à peine après le dernier concert avec Blaze, qui officialise le retour de Bruce Dickinson chez Iron Maiden et, plus surprenant, celui d'Adrian Smith qui avait quitté le groupe 10 ans auparavant. L’album sort le 30 mai 2000 et met fin à une attente entrecoupée par une promo très efficace et de nombreux articles dans la presse spécialisée.
"Brave New World" commence avec un morceau typique de début d’album, 'The Wicker Man' qui s’inscrit dans la droite lignée d’un 'Aces High' ou d’un 'Man On The Edge'. S’inspirant du film du même nom avec Christopher Lee (1973), le titre est rapide et contient un superbe solo d'Adrian Smith.
'Ghost Of The Navigator' est le premier temps fort de l’album, rappelant un peu les ambiances de "Seventh Son Of A Seventh Son". Evoquant une épopée maritime, il débute par une intro acoustique avant de s’énerver et proposer une partie instrumentale rendant le morceau quasiment progressif.
Si 'Brave New World' est plus classique, taillé pour la scène avec un refrain facile à reprendre, 'Blood Brothers' est l’un des chefs d’œuvres de l’album. Steve Harris prouve encore une fois l’étendu de son talent de compositeur avec ce titre mid tempo qui évoque la relation père/fils et propose une vue sur l’état du monde actuel. La musique retranscrit parfaitement la gravité des paroles et les influences celtiques très présentes renforcent le côté nostalgique du titre qui offre un refrain splendide.
Passé 'The Mercenary', morceau typique d'Iron Maiden, ni bon ni mauvais et faisant office de récréation, arrive 'Dream Of Mirrors', second chef d’œuvre de ce "Brave New World", écrit en partie par Janick Gers. Ce titre qui parle des rêves prémonitoires, commence sur une guitare acoustique accompagnée de la voix de Dickinson pour évoluer lentement et s'endiabler au fur et à mesure. La performance de Nicko McBrain est notable et le titre possède l’un des meilleurs refrains qu’ai écrit Steve Harris.
Enfin, Iron Maiden nous propose son troisième coup de maitre avec 'The Nomad' qui n'a pourtant que rarement connu les honneurs de la scène. Le morceau parle des tribus guerrières du désert et évoque Lawrence d’Arabie. C’est un très long titre à ambiance qui peut rappeler 'To Tame A Land' avec des ambiances légèrement arabisantes et des claviers très présents tout du long.
Si les deux derniers morceaux peuvent passer inaperçu, ils valent cependant la peine de s’y attarder. Tout d'abord, 'Out Of The Silent Planet' qui n’a qu’un seul défaut, celui d'être légèrement trop long. C’est pourtant un très bon mid tempo qui trouve une bonne accélération en son milieu et qui sortira d’ailleurs sous un format plus court comme deuxième single de l’album. Ensuite 'The Thin Line Between Love And Hate' qui clôt ce "Brave New World" de fort belle manière, avec ses aspects parfois plus hard rock et sa fin tout en douceur.
Retour gagnant pour Iron Maiden avec ce "Brave New World", album digne de la grande époque et doté d’une production sans faille. Iron Maiden mélange le meilleur de ses différentes époques et prouve qu’il faut bel et bien compter avec lui en ce début des années 2000. Une excellente tournée suivra, avec quelques moments mémorables, Bercy bien sur et le show du Rock in Rio devant 250.000 brésiliens déchaînés. L'objet sortira d’ailleurs en DVD.