Après un premier album prometteur malgré quelques défauts de jeunesse, les danois de Fate remettent le couvert avec « A Matter Of Attitude » dans lequel leur Aor festif et dynamique prend enfin toute son envergure.
Dès les premiers accords de « I Won’t Stop », et même si le son du clavier peut sonner un peu daté, il est difficile de résister à l’enthousiasme des scandinaves. Tout est réunit au sein de ce titre et sera ensuite décliné tout au long de l’album avec fraîcheur et spontanéité. La place des claviers est prépondérante et apporte à la fois du dynamisme et de la profondeur selon qu’ils soient utilisés en harmonies ou en intro, en riff voir en solo. La section rythmique est sobre et efficace. La voix de Jeff Limbo concentre à elle seule les qualités et les petites faiblesses de la musique du combo. Sans être une référence de part sa puissance ou sa chaleur, elle retranscrit parfaitement l’enthousiasme et la bonne humeur caractéristiques de Fate. Enfin, les interventions de Hank Sherman sont toujours d’une efficacité et d’une précision irréprochables. Il est cependant difficile d’imaginer qu’il s’agit du même homme qui nous gratifiait de riffs et autres soli au sein de la sombre bande de Mercyful Fate. Il est d’ailleurs à noter qu’il quittera ses petits camarades après cet album qui les mettait pourtant sur les rails d’un succès mérité.
Pour en revenir aux différents titres, il est indéniable que cet album préfigure déjà ce que sera « Cruisin’ For A Bruisin’ », son magnifique successeur. En effet, en dehors du son qui a légèrement plus mal vieilli, il utilise déjà cette recette originale à base de mélodies immédiates et de refrains inoubliables, le tout sur fond de gros claviers et de chœurs omniprésents, le tout emmené à un rythme enivrant. Même si les paroles de « Summerlove », « Hunter », « Farrah » ou « (I Can’t Stand) Losing You » ne révolutionneront pas la philosophie du hard-rock, il reste cependant impossible de résister à la furieuse envie de taper du pied et de se secouer les cervicales avec enthousiasme alors qu’un immense sourire nous barre le visage.
Pour couronner le tout, les 4 compères viennent nous cueillir par surprise sur le dernier titre (« Do It ») avec un bon vieux rockabilly qu’un David Lee Roth aurait pu intégrer sur son « Crazy From The Heat » sans que cela choque. Précision importante cependant : il s’agit d’une composition originale et non d’une reprise. Enfin, impossible de terminer cette présentation sans parler des deux titres bonus de la réédition. En effet, nous nous retrouvons déchiré entre le plaisir procuré par la qualité des morceaux et le décalage créé par le fait que ces titres furent écrit plusieurs années plus tard, alors que la moitié du groupe avait changé. Le chant est assuré par Per Johansson, qui avait encore de la voix à l’époque, et la six-cordes est tenue par un jeune inconnu du nom de …Matthias IA Ekhlund. Autant dire que les claviers ont quasiment disparu au dépend des interventions du petit génie et que ces titres, malgré leur grande qualité, tranchent avec le reste de l’album.
Cette petite erreur stratégique ne doit cependant pas faire oublier qu’elle n’est qu’un rajout à un excellent album qui s’imposera comme une référence de l’Aor/Hard FM festif et qu’il est toujours bon d’écouter lorsqu’un besoin de bonne humeur se fait ressentir.