Neverland : un film avec Johnny Depp ? Le Ranch de Mickael Jackson ? Non ! C’est la rencontre improbable entre la chanteuse grecque Iris Mavraki et le groupe turc de Metal Progressif Dreamtone. Reversing Time est leur premier album, né sous de bons auspices. En effet, Les invités sont prestigieux : Hansi Kürsch – chant (Blind Guardian), Tom Englund, chant (Evergrey), Mike Baker, chant, et Gary Wehrkamp, guitare (Shadow Gallery), sans compter l’Orchestre Philarmonique de Turquie, et la pochette, très belle, œuvre du Français J.P. Fournier, au style très apprécié dans le métal (Edguy, Avantasia, DragonForce, Impaled Nazarene). Voilà pour l’emballage. Qu’en est-il de la musique ?
Reversing Time est un opéra-rock un peu manichéen où les enfants ne grandissent pas et où tout est bien qui finit bien. Tout un programme…
Disons-le d’emblée, l’utilisation d’un orchestre philarmonique est ici plutôt réussie, ce qui n’est pas toujours le cas. Pas de folie néanmoins - soutien derrière les guitares et basse-batterie et intro de presque tous les morceaux. La présence importante du piano est elle aussi bienvenue, Ozan Alparslan étant particulièrement en verve.
Sans détailler tous les titres, notons, à quelques exceptions près sur lesquelles nous reviendrons, que la structure des compositions est souvent la même, à savoir un thème principal, un intermède instrumental et une reprise du thème principal. Les passages instrumentaux sont bien tournés, jamais mauvais, jamais géniaux. Les musiciens turcs sont techniquement irréprochables. Le style de Nerverland tient du Métal léger avec orchestre. Les influences principales : Royal Hunt période Paradox (mais DC Cooper manque), Avantasia ou encore Daniele Liverani.
« To Loose the Sun », chanté par Hansi Kürsch de Blind Guardian sonne comme du… Blind Guardian, époque Forgotten Tales, chœurs masculin à la clef, que l’on retrouvera à diverses reprises. La partie médiane coupe parfaitement le titre de près de 6 minutes par une accalmie qui va permettre de relancer la machine jusqu’à la fin du morceau. Iris Mavraki, tête d’affiche, n’arrive que sur le troisième morceau et encore, en duo. Elle ne chante que sur 3 titres, dont un de moins de 2 minutes et parle sur le sixième. Son moment de gloire est donc dans « Everlasting Tranquility », ballade dans laquelle l’orchestre se taille la part belle. Mike Baker chante sur le morceau titre de l’album, « Reversing Time ». Il se fond dans le concept plus qu’il n’impose sa personnalité. L’intervention de Gary Wehrkamp se situe dans le titre « Mountain of Joy ». Elle consiste en un seul mais judicieux solo de guitare. 50 secondes de Shadow Gallery... Tom Englund intervient quant à lui sur le titre « World Beyond These Walls », sans apporter beaucoup d’Evergrey dans ses bagages. Il est même difficile à reconnaître dans ce titre un tantinet sirupeux. Et c’est dans le final de l’album, « Transcending Miracle », que l’on va trouver le plus de ‘folie’. Un peu plus de 6 minutes pour un instrumental plein de thèmes, de breaks, de bonnes idées, avec un excellent solo de clavier et du saxo ! Le groupe montre ici de vraies qualités de composition et d’interprétation. C’est certainement le meilleur moment de l’album.
Reversing Time est d’un abord simple, agréable, bien produit. Il n’est jamais dérangeant, les harmonies sont convenues et se retiennent donc aisément. A aucun moment on ne sera surpris, ni gêné par l’écoute des 10 morceaux qui constituent l’Opus. C’est probablement là son principal défaut. A ne pas prendre de risque, Neverland est peut être passé près d'un joli coup, mais ne l’a pas concrétisé. On aurait espéré plus d’un combo accompagné d’invités à forte personnalité, dont la présence est plus commerciale qu’artistique. Le dernier titre, qui n’a pas d’invités, laisse espérer un avenir plus éclatant.