Voici donc le nouvel album de TOTO, depuis le temps qu’on l’attendait, c’est avec délectation que …Hein ?... qu’entends-je, qu’ouïs-je, qu’ourge, qu’oncombre-je, qu’asperge ?...Ce n’est pas le nouveau TOTO ?...C’est le premier album de WORK OF ART ?...Attendez, bougez pas, je consulte mes fiches…(bruits de papiers compulsés vivement avec fébrilité)…Mazette, vous êtes dans le vrai, ce n’est pas la bande à Porcaro qui a pondu cet album de FM 80’s!...J’ai été abusé à l’insu de mon plein gré…(bruits de honte transpirante, de tête enfouie dans le sable, d’irruption de rougeurs carmines)...
WORK OF ART donc…un groupe suédois sorti de presque nulle part (presque car ce boy’s band de luxe s’est constitué il y a tout de même 16 ans !) nous propose donc son premier opus avec cet Artwork des plus trompeurs tant il ressemble, par ses mélodies, ses constructions musicales, son empreinte, ses titres de morceaux, son esprit, son application, son son (non je ne bégaie pas) à un disque des cadors californiens.
Tout est ici en place pour satisfaire les amateurs des Porcaro’s boys. Oh d’aucun critiqueront bien d’un air méprisant le copié/collé effarant qui leur aura été concocté, à n’en pas douter nous entendrons ces jérémiades, mais si on fait fi de cette difficile digestion de leur influence majeure, on ne peut que reconnaître que ces p’tits gars soumettent à notre appétit musical insatiable une galette jouissive au possible dans le style musical qu’elle véhicule.
Nul ne pourra les blâmer de nous la faire façon «on s’est pas rendu compte ». En effet, interrogés, ils annoncent clairement la couleur et avouent sans détour que leurs idoles sont TOTO, TOTO et TOTO. Bon d’accord, JOURNEY et GIANT sont aussi leur tasse de thé (et ça se sent parfois) mais c’est plus pour éviter qu’on ne les traite d’obsédés des Africa’s friends.
Sans détour, parlons clair, ci-devant nous, 12 titres, ci-face à nous, 12 bombes mélodiques. Le chant est indiscutablement redoutable, les claviers dosés à la perfection et les guitares ciselées magistralement. La production est béton, le son est d’une pureté époustouflante.
Alors certes, Peace of mind, nous la fait Home of the Brave (particulièrement sur le refrain, mais quel refrain !), Camelia (si si j’vous jure) nous la joue Rosanna et Whenever U Sleep nous rappelle Africa sur le rythme des couplets. Cependant, en écoutant bien, des différences peuvent être notées. En effet, WORK OF ART sait muscler son jeu plus que ne se risque aujourd’hui à le faire TOTO - écoutez Cover me - et surtout, le combo parvient avec brio à balancer quasiment à tous les coups, contrairement aux Maîtres, des refrains FM énormes comme celui de Whenever U Sleep, ses chœurs parfaits et ses cascades d’arpèges pianistiques rafraîchissantes, de Lost Without your Love et ses parties de guitare percutantes, de Why do I, son démarrage en trombes qui vous met direct dans l’ambiance de cette gâterie et ses interventions de six cordes opportunes et techniques, de Maria (si, si, j’vous assure) qui vous crucifie, de Her only lie et ses envolées imparables voire de Too Late et son final transporteur. Et que dire de la splendide balade Once in a Lifetime et ses guitares à pleurer…n’en jetez plus, la cour est pleine !
Alors prenez-garde, ce disque balance grave, si vous commettez l’erreur de le placer sur votre platine et que vous accrochez bien entendu au style FM/AOR, vous allez user votre laser en deux temps trois mouvements. Roulez-vous en boule dans ce maelstrom de mélodies certes sucrées mais néanmoins pêchues, et enivrez-vous de ces effluves de positive-music bien réconfortantes en ces temps rudes pour les sensibles ménestrels électriques.